On entend souvent dire que le France subirait une immigration massive :
Les chiffres révèlent une autre réalité, en effet la France est devenue un des pays les plus fermés de l'OCDE. 200.000 titres de séjour sont délivrés chaque année, un niveau stable depuis les années 2000. Ce chiffre ne prend pas en compte les étrangers en situation irrégulière et les ressortissants de l'Union européenne. Le solde migratoire, différence annuelle entre les entrants et les sortants est évalué à 54.000 personnes en 2012, trois fois moins que dans les années 60 et quatre fois et demi plus faible que le solde naturel, différence entre les naissances et les décès. En 2010, la France comptait 5,5 millions d'immigrés soit 8,5 % de sa population et 70 % sont en France depuis plus de dix ans. Ce fantasme d'une immigration massive viendrait de la concentration d'une proportion importante de la population immigrée sur une petite partie du territoire (le de France, pourtour méditerranéen...) et de la confusion entre immigrés et enfants d'immigrés, car la proportion de descendants d'immigrés (2ème génération) est en France plus importante que dans le reste de l'Europe.
Qui sont-ils ?
-2 millions soit 37 % sont originaires d'Europe, immigrés de longue date pour certains (espagnols...)
-2,3 millions soit 43 % viennent d'Afrique avec une immigration ancienne en provenance principalement d'Algérie et du Maroc (environ 1,4 millions). Ils sont arrivés en grande partie pour participer à la reconstruction dans les années 50 et leur migration avait été organisée par l'industrie française, leur famille les ayant rejoint par la suite.
-1,2 millions soit 20 % sont originaires d'Amérique et d'Asie.
Ces populations appartiennent le plus souvent à des milieux modestes, 14 % sont ouvriers non qualifiés soit deux fois plus que l'ensemble des actifs. Le salaire net médian des immigrés hors Union européenne est 20 % inférieur en raison de leur faible niveau d'instruction, ce à quoi il faut ajouter l'interdiction d'occuper plus de 5 millions d'emplois pour ceux qui n'ont pas la nationalité française (60 % des immigrés) ainsi que les discriminations ausquelles sont confrontées ces minorités.
Les immigrés prennent-ils les emplois des Français ?
Quand les immigrés sont au chômage, on les accuse de profiter du système en se tournant les pouces et quand ils travaillent, on leur repproche de voler les emplois des natifs. Deux clichés aussi contradictoires qu'inexacts. A l'échelle macroéconomique, les immigrés participent d'une certaine manière à la création de leurs propres emplois, car en augmentant l'offre de travail ils ont également un impact sur la demande car ce sont également des consommateurs. Ils contribuent également de façon significative au renouvellement du tissu productif en créant de nouvelles entreprises. De plus, ils acceptent généralement des emplois que les locaux ne veulent plus occuper. Ils sont par exemple deux à trois fois plus nombreux que les Français de naissance à travailler dans l'hôtellerie-restauration, dans le nettoyage et la sécurité ou chez des particuliers. Dans certains secteurs, la construction, les travaux publics, des hiérarchies professionnelles ont tendance à s'organiser par rapport à l'origine des salariés. En réalité, ce sont les immigrés eux-mêmes qui ont le plus à craindre de l'arrivée de nouveaux immigrés car la concurrence se joue essentiellement entre eux.
Les immigrés profitent-ils de la protection sociale ?
Il est exact que les immigrés non européens bénéficient plus souvent que les natifs des aides sociales, mais cela ne veut pas dire qu'ils plombent les finances publiques. Cette surreprésentation s'expliquenet pour l'esentiel par leurs caractéristiques socio-économiques (faible niveau de qualification, origine sociale modeste, nombre d'enfants...) A caractéristiques identiques, la probabilité d'avoir recours aux allocations familiales ou aux aides au logement est strictement la même pour un français de naissance ou un immigré. Il reste toutefois une surreprésentation des immigrés parmi les bénéficiaires des allocations chômage et des minma sociaux. Cela n'a rien de particulièrement choquant car les immigrés qui touchent des allocations chômage ont cotisé pour y avoir droit et les conditions pour prétendre au RSA sont très restrictives (il faut justifier de 5 années de résidence sur le territoire).
En revanche, les immigrés pèsent moins que les natifs sur les dépenses de santé et de retraite, puisqu'ils sont majoritairement âgés de 25 à 50 ans et actifs et sont donc plus nombreux à cotiser qu' à toucher des pensions. Ils ont également des droits plus réduits du fait d'une moindre espérance de vie ou de carrière plus incomplète. Or, les dépenses de santé et de retraite sont des postes de dépense bien plus importants que les prestations liées au chômage ou au minima sociaux. Les immigrés sont en réalité des contributeurs nets au budget des administrations publiques et quand ils s'installent dans un pays c'est pour y travailler et non pour y toucher des aides sociales.
Dans l'ensemble, les immigrés contribuent donc positivement aux finances de leur pays d'accueil, parce qu'ils paient plus de cotisations ou d'impôts qu'ils ne perçoivent de prestations.
Source : Alternatives Economique décembre 2013