Une énorme bulle spéculative est en train de grossir sous nos yeux, avec Facebook, valorisé, dit-on, plus de 42 milliards de dollars. Le plus étonnant est l’irresponsabilité des médias et des analystes, complètement aveuglés par la « valeur » qui renouent avec les erreurs du début des années 2000.
C’est le chiffre le plus étonnant de cette fin d’année. Facebook vaudrait, dit-on, 42,3 milliards de dollars.
Pour donner un ordre d'idée, la capitalisation de Renault est de 16 milliards de dollars environ. On nous dira: certes, Renault, c’est gros, mais cela ne gagne pas d’argent. Le problème, c’est que Facebook n’en gagne pas non plus !
La seule indication donnée par la société internet qui n’est pas cotée, et donc n’a pas à publier ses comptes, c’est un chiffre d’affaires. Il est de moins de 1 milliard de dollars. On nous promet qu’il doublera dans l’année qu’il vient.
Probable, mais quels sont, ou seront, les profits ? Mystère. En 2009, Facebook promettait des bénéfices en 2010. La seule déclaration qu’on retrouve sur le Net, c’est qu’au début de l’année 2010, le compte bancaire de Facebook était enfin "positif". La trésorerie est positive, donc, mais cela ne dit rien d’un résultat net avant impôt !
Pour ceux qui se souviennent de la bulle des nouvelles technologies, la valorisation de Facebook ressemble exactement aux bobards des années 2000, lorsqu’on comptait sur les bénéfices éventuels à venir pour porter aux nues tout ce qui était numérique, même si c’était chimérique, et vilipender le « brik and mortar », la vieille industrie, afin d'attirer les liquidités en mal de placement les plus juteux possibles. La bulle avait explosé en quelques années. On pensait alors la leçon, selon laquelle "les arbres ne montent pas jusqu'au ciel" apprise.
Même les journaux sérieux semblent frappés d’amnésie: en août le FT estimait Facebook à 33,7 milliards de dollars en août, dans un article qui ne mentionne ni les profits, ni les pertes, alors que l’action Facebook s’échange dans des transactions non régulées. On ne connaît même pas les flux (ou volumes) de transactions ! Bonjour le conseil aux investisseurs.
Le meilleur est arrivé lorsque la folie Facebook s’est emparée des « marchés » après un déjeuner entre Marc Zuckergerg, fondteur du réseau social et Steve Jobs, patrons d’Apple. On sait seulement que les deux patrons ont parlé de partenariat.
Mais un analyste d’une banque danoise d’investissement, Saxo Bank ( http://www.cnbc.com//id/38844426), a échafaudé le scénario tout à fait hypothétique d’un rachat de Facebook par Apple.
Grosso mode : Apple veut un partenariat avec Facebook, mais celui-ci refuse, alors Jobs qui veut absolument la technologie et les 650 millions de visiteurs uniques mensuels de Facebook lance une OPA. Apple est très riche puisqu'il dispose de 51 milliards de dollars de cash.
Saxo Bank en conclut que Apple paierait jusqu'à 51 milliards de dollars pour Facebook.
En conséquence de quoi, le titre devrait monter jusqu’à ce que la capitalisation (supposée, puisque "over the counter") de Facebook atteigne cette somme ! Et Saxo Bank a le culot d’affirmer que son idée est totalement farfelue, mais que c’est justement pour ça que cela peut arriver !
A ce niveau de spéculation, ce n’est plus une bulle, c’est une énorme arnaque intellectuelle !
Il pourrait d’ailleurs y avoir arnaque tout court, puisque la SEC (gendarme des marchés américains) a ouvert une enquête.
La bulle Facebook en entraîne d’autres. Il paraît que la meilleure affaire de l'année serait non pas Facebook, mais Twitter…
A lire dans son contexte et son intégralité (marianne2.fr)