François Fillon et Laurent Fabius se sont livrés mardi à une passe d'armes courtoise à l'Assemblée nationale sur la réforme du droit d'amendement, le Premier ministre y voyant une "rationalisation" du débat et non son amenuisement dénoncé par son prédécesseur socialiste.
"Personne ne peut contester qu'il y ait besoin de rationaliser le travail au Parlement et d'organiser les débats", a dit M. Fillon.
Il a cité les exemples du Parlement britannique et du Parlement européen, où le temps de débat de chaque texte est fixé par motion, avant d'appeler les députés à "négocier ensemble les conditions d'une négociation raisonnable du temps de débat sur les grands sujets".
"Ce qui est un problème aujourd'hui, c'est l'utilisation abusive du règlement de l'Assemblée, des interruptions de séance, des amendements pour vider complètement le débat de son sens, donner une image désastreuse du Parlement et finalement, au bout du compte, ne pas empêcher les textes d'être adoptés", a jugé le chef du gouvernement.
M. Fillon a mis les rieurs de son côté en rappelant les protestations du socialiste Jean-Marc Ayrault en 1998, au moment du débat sur le Pacs, quand Christine Boutin, alors députée, avait monopolisé la tribune pendant 5h30.
"Naturellement, aujourd'hui elle le regrette!", a assuré M. Fillon en présence, au banc du gouvernement, de la ministre du Logement, visiblement surprise.
Laurent Fabius avait juste avant critiqué une loi organique, dont l'examen débutait mardi, qui veut d'après lui "mettre à bas les droits du Parlement".
L'histoire parlementaire, d'après le député de Seine-Maritime, montre que le droit d'amendement, utilisé par la droite comme par la gauche "a permis que s'installent dans l'opinion des débats bienvenus", comme sur les nationalisations dans les années 80 ou tout dernièrement sur la réforme de l'audiovisuel.
"Les retards apportés au travail gouvernemental n'ont absolument pas pour origine le travail parlementaire", mais plutôt "le nombre excessif des projets, leur mauvaise rédaction" et l'incapacité du gouvernement à produire les décrets inscrivant dans les faits les lois promulguées, a-t-il estimé.
Alors que la crise fait rage, a conclu Laurent Fabius à l'attention de François Fillon, "il y a mieux à faire dans les circonstances présentes que d'utiliser les armes que vous donne la Constitution pour mettre à bas les droits du Parlement".
afp
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