Un colloque "Football professionnel, racisme et engagement citoyen" s'est tenu lundi à Paris à l'Assemblée nationale, à l'initiative du syndicat des présidents de clubs (UCPF) et de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
De nombreux intervenants, parmi lesquels le président de l'Olympique de Marseille, Pape Diouf, seul président noir d'un club de L1, ou le sociologue Paul Yonnet, ont fait le point sur la lutte contre le racisme dans le football professionnel.
"Les présidents de clubs sont conscients de l'enjeu", a dit en ouverture le président de l'UCPF, Jean-Pierre Louvel, "le racisme est un fléau de notre société ".
Evoquant "la tendance à banaliser l'injure raciste" dans les stades, le président de la Licra, Patrick Gaubert, a estimé que "incontestablement, les choses avancent. Les supporters racistes sont très sévèrement punis".
Anciens coordinateur national football, le commissaire divisionnaire Michel Lepoix a toutefois relativisé la quantité d'actes racistes en L1, citant par exemple 14 interpellations pour actes racistes autour des matches de L1 en 2007-2008, dont 5 hors des stades. "On a affaire à un paysage du foot pro qui ne nous pose pas un problème lourd", a dit le policier.
Mais les participants ne sont pas tombés d'accord sur les moyens de la lutte: pour ou contre le retrait de points? Pour ou contre l'évacuation des stades?
L'évacuation d'un stade en cas d'acte raciste, souvent brandie dans le débat, pose de nombreux problème de sécurité, notamment la nécessité de contenir des dizaines de milliers de personnes quittant l'enceinte.
"Nous devons sortir des sanctions financières, notoirement insuffisantes, a estimé le secrétaire général adjoint de la Fédération internationale (Fifa), Jérôme Champagne. La destruction de points est efficace, quelquefois il faut faire mal".
D'accord pour "être plus sévère", le président de la Ligue (LFP), Frédéric Thiriez, a rappelé que la justice était revenue sur des retraits de points (contre Bastia dans l'affaire Kébé, ndlr) quand la LFP avait sanctionné.
Mais Pape Diouf, dans un bon mot inspiré des féministes, a rappelé que "le racisme sera éradiqué le jour où on pourra nommer un Noir ou un Arabe incompétent (à un poste important dans le football). Parce que pour l'instant, s'il est là, c'est qu'il est compétent".
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