La Fondation Abbé Pierre exprime la crainte, dans son rapport 2009, que l'actuelle crise immobilière n'aggrave une crise du logement déjà importante et appelle à une politique de "rupture".
La crise immobilière va avoir de lourdes conséquences sur la résorption du déficit en logements, avertit la Fondation qui estime que la pénurie risque de passer de 800.000 à 900.000 logements à la fin de 2009.
La Fondation met en garde également contre plusieurs aspects de l'état du mal-logement en France et ses aspects néfastes notamment sur les personnes âgées dont la vulnérabilité parait grandissante et les "territoires d'exclusion".
L'étude souligne qu'aujourd'hui 600.000 personnes âgées vivent avec une allocation de solidarité de 628 euros qui les situent sous le seuil de pauvreté. Après une "parenthèse heureuse", écrit-elle, le recul de la pauvreté des plus de 65 ans, enregistré sur la période récente, est aujourd'hui terminé, indique le rapport.
La Fondation critique vigoureusement les mesures prises en décembre par le président Nicolas Sarkozy dans le cadre du plan de relance: un programme de construction de 70.000 logements supplémentaires sur 2009-2010 qui s'ajoute aux 30.000 logements que les organismes HLM doivent racheter à des promoteurs privés. Faisant valoir que ces 100.000 logements supplémentaires comporteront moins de 50% de véritables logements sociaux, la Fondation dénonce "le développement d'une offre totalement décalée par rapport à une demande sociale qui elle-même continue à se fragiliser".
La part des dépenses engagées par la collectivité publique en faveur du logement est en recul - 1,79% du PIB en 2008 -, soit son niveau le plus bas depuis 30 ans, souligne par ailleurs la Fondation qui demande que le seuil de 2% soit à nouveau franchi.
Alors que la demande HLM n'a jamais été aussi importante, le taux de mobilité dans ce parc de logements s'est aussi réduit: de 12,4% en 98, il se situe depuis 2005 sous la barre des 10%.
La Fondation souligne également le "blocage de la mobilité résidentielle" et la "spécialisation" des 750 zones urbaines sensibles (ZUS)" dans l'accueil des immigrés (18% contre 7,5% pour l'ensemble de la population) et des ménages pauvres (27% soit 3 fois plus que dans le reste de l'espace urbain).
Pour contrer le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre a appelé mardi à une politique de "rupture" et préconisé une panoplie de mesures.
En tête de ces propositions, pour "produire des logements à loyers accessibles", la Fondation voudrait imposer dans tout programme immobilier de plus de dix logements, un quota minimum de 20% de logements à loyers accessibles.
Pour une dimension territoriale plus juste de l'habitat, elle réclame un renforcement de l'article 55 de la loi SRU - qui fait obligation aux communes d'avoir au moins 20% de logements sociaux - en sanctionnant plus fermement les réfractaires.
Afin de "tarir les sources d'exclusion du logement", l'association propose d'augmenter de 12% le montant des aides personnelles au logement qui auraient été amputées de 12,5% depuis 2001.
Elle réclame aussi l'intervention de l'Etat pour "empêcher les loyers de relocation d'être au-dessus de l'indice des prix". Parmi les autres mesures réclamées: la résorption des 600.000 logements "indignes" et la suspension des expulsions locatives "des personnes de bonne foi".
AFP
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