La banque, qui a annoncé la suppression de 1.250 emplois et a perdu 2,8 milliards d’euros en 2008, va recevoir 5 milliards d’euros d’aide de l’Etat.
La banque française Natixis, très lourdement déficitaire l'an dernier et qui a réalisé d'importantes suppressions d'emplois, a versé 90 millions d'euros à ses traders au titre de 2008, selon le quotidien "les Echos" de vendredi.
Réagissant à cette information mentionnée lors de l'émission "A vous de juger" sur France 2 jeudi soir, le ministre du Budget Eric Woerth a déclaré que "quand on se lève le matin, qu'on entend qu'il y a un plan social (...) et de l'autre côté qu'un individu s'est octroyé des avantages indus, il faut remettre de l'ordre là-dedans (et) considérer que les entreprises aidées par les pouvoirs publics ne puissent pas distribuer indûment (des bonus)".
Filiale commune de la Caisse d'Epargne et des Banques Populaires, deux banques qui ont par ailleurs annoncé leur fusion le 26 février, Natixis, de loin la banque française la plus touchée par la crise financière, a enregistré une lourde perte de 2,8 milliards d'euros en 2008.
La Caisse d'Epargne et les Banques Populaires, toutes deux déficitaires en 2008, ont officialisé leur rapprochement le 26 février, et le secrétaire général adjoint de l'Elysée François Pérol a été nommé à la tête des deux établissements fusionnés, où l'Etat va injecter 5 milliards d'euros.
Leur filiale Natixis, qui a déjà annoncé la suppression de 1.250 emplois en 2008, a indiqué cette semaine qu'elle projetait de supprimer 166 postes supplémentaires en France.
Son action a fondu de manière spectaculaire en deux ans et demi: elle ne vaut plus qu'environ 1 euro, contre 19,55 euros en novembre 2006. Ce qui a cristallisé les critiques de petits actionnaires, dont une centaine ont porté plainte début mars contre la banque pour "information trompeuse".
L'annonce des bonus de Natixis intervient en plein débat en France sur les rémunérations des cadres dirigeants, notamment pour celles qui licencient ou bénéficient d'aides publiques.
Les récentes révélations en série ces derniers jours - stock-options à la Société générale, "parachute doré" chez Valéo, bonus pour Cheuvreux (Crédit agricole) - ont déclenché un tollé.
La polémique a rapidement dépassé le cadre des entreprises bénéficiant d'aides publiques: jeudi, les plus hauts dirigeants de GDF-Suez Gérard Mestrallet et Jean-François Cirelli ont dû renoncer à leurs stock-options, bien qu'à la tête d'une société bénéficiaire et créant de l'emploi.
Dans la foulée, l'Elysée a annoncé jeudi qu'il allait prendre la semaine prochaine un décret interdisant les bonus et stock-options pour les dirigeants d'entreprises recevant des aides publiques, sans attendre les propositions du patronat sur ce sujet.
Dans des commentaires plus généraux sur les rémunérations des dirigeants, Eric Woerth a aussi estimé qu'"il faut "considérer que les entreprises aidées par les pouvoirs publics ne puissent pas distribuer indûment" des bonus.
"Si on ne se met pas d'accord, à ce moment-là on passe par la loi ou par la réglementation", pour réguler "ce qui doit revenir aux salariés, aux actionnaires et à l'imposition", a poursuivi le ministre.
"L'autorégulation, c'est mieux que la régulation, et quand l'autorégulation ne marche pas, on régule, et ça, ce sera fait la semaine prochaine", a-t-il conclu.
(Source AFP)
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