Une vive passe d'armes a opposé mercredi, durant la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, les socialistes au gouvernement, le PS défendant la politique de François Mitterrand sur les retraites et dénonçant à son tour la "trahison" de Nicolas Sarkozy.
"Nicolas Sarkozy s'est cru autorisé à dire que la France aurait eu moins de problèmes si, en 1983, François Mitterrand n'avait pas ramené l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans...", a attaqué le chef de file des députés PS, Jean-Marc Ayrault, en référence aux accusations lancées la veille par le président de la République contre son prédécesseur.
"Nous somme fiers de François Mitterrand et de la majorité de gauche qui a fait voter la retraite à 60 ans", a-t-il ajouté, en demandant à François Fillon de quitter la "caricature" pour accepter "un débat projet contre projet".
"Le Parti socialiste s'est constamment trompé sur la question des retraites, mais il n'est pas trop tard", a répliqué, cinglant, le Premier ministre, citant les anciens chefs de gouvernement de François Mitterrand, Michel Rocard --"catastrophé" par l'abaissement de l'âge de la retraite--, Laurent Fabius, qui estimait, en 2002, que "bien sûr il y aura un ajustement".
Hué par la gauche, M. Fillon a été ovationné debout par la droite: "Fabius, Fabius!", ont scandé les députés UMP comme pour appeler ce dernier à les soutenir. Celui-ci, très énervé sur son banc, tentait une explication, inaudible faute de micro.
Et François Fillon d'évoquer encore les propos de Dominique Strauss-Kahn et ceux de la première secrétaire du PS Martine Aubry, qui avait parlé d'un recul de l'âge légal "à 61 ou 62 ans" avant de faire machine arrière.
La contre-attaque est venue dès la question suivante, posée par Jean Glavany, un proche de M. Mitterrand: "Le sujet est sérieux et mériterait que l'on puisse en débattre de manière plus rigoureuse", a-t-il dit en accusant M. Fillon, dans un brouhaha général, "d'entretenir la confusion entre la retraite à 60 ans et la durée de cotisation".
Et de s'en prendre à l'actuel chef de l'Etat: M. Sarkozy "avait dit exactement le contraire en 2007" en promettant de maintenir la retraite à 60 ans. "Vous me direz si c'est une trahison ou pas...", a-t-il ironisé. "Deuxième oubli, la gauche n'a pas imposé une obligation mais créé un droit...", a-t-il dit.
Cette fois, c'est Eric Woerth (Travail) qui a répondu : "Vous étiez où en 2003 lorsque le dispositif de carrières longues a été voté? Vous n'étiez pas là, vous avez décidé de ne jamais rien voter sur les retraites", a-t-il lancé, sous les protestations de l'opposition.
"Si on compare le bilan de M. Mitterrand, président constructeur, et celui de M. Sarkozy, président démolisseur, l'Histoire fera clairement la différence", a répondu un peu plus tard, sur France 3, Laurent Fabius en récusant toute "contradiction" au PS.
Source : afp
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