« Le temps d’une journée, Henri Weber m’a ouvert les portes de son bureau de député européen de la région Grand Centre et par la même occasion, celles du Parlement européen à Bruxelles.
J’ai pu assister à une réunion du groupe S&D présidé par Martin Schulz avec au programme la préparation du vote des résolutions relatives à la gouvernance économique européenne « Europe 2020 » et l’intervention du ministre des Affaires étrangères de la République slovaque, Miroslav Lajcak, venu relater les problèmes de nationalisation entre les citoyens de son pays et leurs voisins Hongrois.
Dans un second temps, j’ai assisté à une réunion de la délégation socialiste française présidée par Catherine Trautmann. A l’ordre du jour, le débriefing de la réunion précédente et une discussion au sujet d’Europe 2020.
Henri Weber m’explique en quelques mots quel est ce projet :
Henri Weber : « Il s’agit d’une stratégie de croissance économique de l’UE pour 2020. Elle se veut :
‐ Intelligente : c’est‐à‐dire fondée sur la recherche, l’innovation, les nouvelles technologies, etc. ;
‐ Durable : elle doit assurer la transition vers l’économie verte, sobre en carbone et matières premières ;
‐ Inclusive : cela veut dire qu’il s’agit d’une croissance solidaire, sociale, qui développe l’employabilité par la formation. »
A voir la foule de jeunes cadres fraîchement sortis des hautes écoles qui foisonne dans le Parlement, il y a de quoi se sentir un peu perdu. Les réunions sont parfois longues surtout quand beaucoup de personnes prennent la parole, parfois juste pour répéter ce qui vient d’être dit. Il en ressort la sensation que les « eurocrates » s’enfoncent dans de vaines palabres.
Pourtant, ces derniers temps, les avancées ont été nombreuses.
HW : « Cette année a vu l’explosion de la crise, son aggravation. Le Parlement européen y est directement confronté, aussi trouver des réponses représente l’un des principaux chantiers.
A court terme, la position de l’UE est importante pour faire face à la crise des dettes souveraines, comme celle de la Grèce.
Pour faire face aux besoins des pays d’Europe du sud, nous avons créé un fonds de stabilité de 750 milliards d’euros !
La Banque Centrale Européenne a également changé de statut : elle peut désormais racheter les dettes des pays en difficulté et ainsi maîtriser la dette. Un gros travail est en cours sur un projet de gouvernance économique à échelle européenne, Europe 2020. Les médias ne retiennent trop souvent que ce qui ne marche pas, les brouilles avec les Allemands, mais le changement de statut de la BCE est réellement bénéfique pour de nombreux pays. C’est à la faveur de crises que l’UE progresse. Ce projet à long terme doit nous permettre de faire face à la crise économique. »
Henri Weber fait aussi partie de la délégation Chine Europe. Il m’explique brièvement en quoi elle consiste.
HW : « L’enjeu est de convaincre les Chinois à prendre leurs responsabilités dans la stratégie de sortie de crise internationale et la réforme du fonctionnement de l’économie mondiale. Pour ne pas répéter nos erreurs, leur modèle de croissance devrait se baser sur la consommation populaire, interne au pays en diminuant l’export et en utilisant pour leur développement les quelques 2 500 milliards d’euros d’excédents. »
Et si cela peut paraître invraisemblable que l’Europe donne des conseils à la Chine, celle‐ci porte une attention sérieuse aux enjeux à venir :
HW : « Ils sont conscients de leur rôle international. De plus, de nombreux mouvements sociaux se déclenchent dans le pays. Le gouvernement chinois s’est par exemple engagé dans un système de protection sociale depuis 2005 qui prend forme petit à petit. »
Enfin, Henri Weber travaille également dans la Commission Industrie-recherche-technologies :
HW : « C’est ce que l’on appelle l’économie réelle. En ce moment, nous travaillons sur un projet de Communauté européenne de l’énergie : il s’agit de mettre en commun le potentiel énergétique, des éoliennes de la mer du Nord au nucléaire français, tout en assurant la diversification des sources d’approvisionnement, et la transition vers les énergies vertes (éolien, photovoltaïque, etc.) »
Le travail de député européen se fait également sur sa circonscription d’origine. Il y a quelques semaines, Henri Weber était auprès des salariés de Philips à Orléans ou de Mead (emballages) à Châteauroux : « Je rencontre les syndicats, les salariés, les élus. Ces entreprises sont souvent des filiales de multinationales et doivent respecter la législation européenne ».
Le mot de la fin ?
« C’est un travail très prenant, très divers, et très intéressant. Il y a des ratés, mais beaucoup est fait, de grandes avancées ont été réalisées dans le parachèvement de l’union économique et monétaire ».
Henri Weber l’a promis : sa prochaine visite sera pour l’Allier ! En attendant, un grand merci à Henri, Mélanie et Paul pour leur accueil ! »
Loïc GENESTE, "envoyé spécial" à Bruxelles pour les JS03
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