Le drame de Sarkozy c'est qu'il n'est pas transcendé par la fonction. On ne gouverne pas un pays avec ses pulsions, ses obsessions. La rupture, ce n'est pas ce qu'il faut pour la France. On ne peut pas sentir le pays en rencontrant des Français trois fois vingt minutes. Un jour, il est entré dans mon bureau de l'Elysée et il a éclaté de rire en voyant mes chaussures couvertes de poussière. J'avais passé la journée aux Championnats du monde de labour. Sarkozy, un truc pareil, il ne pouvait pas comprendre. Mais il devait en faire autant. Il ne faut pas la survoler, la France, il faut la prendre.
Sarkozy aime plus la politique que la France. Il a été un bon candidat. Mais c'est un mauvais président. »
Ce portrait à l'arrache de Nicolas Sarkozy vous semble plus vrai que nature ? Vous avez tort : il s'agit d'une longue tirade mise dans la bouche de Jacques Chirac dans la fiction « Chirac, le roman d'un procès », publié chaque jour par Le Monde.
Mais tout de même. Supposons que cette fiction soit fabriquée à partir de déclarations off the record de différents acteurs politiques, ce que semblent croire nombre de déjeuneurs et de dîneurs parisiens entre deux séjours vacanciers qui se jettent sur le feuilleton du Monde chaque jour.
Ce ne serait d'ailleurs pas d'une extraordinaire nouveauté : nombre de journalistes ou de pamphlétaires utilisent la fiction pour raconter des dire réels mais que les acteurs ne sont pas en position d'assumer. Et les journalistes du Monde ne sont pas les derniers à laisser entendre que ledit feuilleton est fabriqué avec des éléments réels.
Alors fiction or not fiction, le feuilleton du Monde ? La déclaration prêtée à l'ex-Président est si cruelle de vérité que la fiction semble, pour le coup, assez peu fictionnelle.
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