La rentrée s'annonce agitée pour un gouvernement en sursis chargé, dans un contexte difficile, de s'attaquer aux derniers grands chantiers du quinquennat Sarkozy, avec en point d'orgue la réforme des retraites et la très décriée déchéance de la nationalité.
- Le coup d'envoi sera donné dès le 25 août avec le premier conseil des ministres et c'est le 7 septembre, en ouverture de session extraordinaire du Parlement, que les députés reprendront, après un tour de chauffe en juillet, la réforme des retraites.
Le débat s'annonce mouvementé en séance publique. S'il a déjà indiqué qu'il serait inflexible sur le recul de l'âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans, le gouvernement a laissé la porte ouverte à la discussion sur d'autres sujets, comme la pénibilité ou les carrières longues.
Le succès de la mobilisation à laquelle appellent le même jour tous les syndicats déterminera pour une grande part la marge de manœuvre d'Eric Woerth.
La réforme s'inscrit dans un contexte difficile, menée par un gouvernement qui se sait en sursis avec l'annonce prévue d'un remaniement à l'automne et les soubresauts attendus de l'affaire Woerth/Bettencourt. L'opposition devrait ainsi poursuivre ses attaques pour fragiliser le ministre du Travail.
- Deuxième grand chantier : la sécurité, avec des propositions de Nicolas Sarkozy examinées par le Sénat à partir du 7 septembre dans le cadre de la LOPPSI, puis la nouvelle loi sur l'immigration présentée le 27 septembre à l'Assemblée.
Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, présentera deux amendements, l'un sur la déchéance de la nationalité, l'autre sur l'attribution de la nationalité française aux immigrés de la deuxième génération.
Concernant la déchéance de nationalité, le ministre veut "revenir à l'état de droit qui prévalait jusqu'en 1998" quand étaient passibles de déchéance les auteurs de certains crimes.
Cette mesure controversée - voire inconstitutionnelle pour certains - devrait nourrir le débat, né au cœur de l'été avec le "discours de Grenoble" de M. Sarkozy, même si la gauche veut éviter un "piège" tendu par la droite.
Ce onzième texte sur la sécurité ou l'immigration depuis 2002 devrait être suivi d'un douzième, présenté par Eric Ciotti (UMP) sur la condamnation pénale des parents de mineurs délinquants.
- Gros chantier économique de la rentrée: le vote du budget. Celui de 2011 sera "très difficile", a répété le Premier ministre François Fillon, car "il s'agit de réduire les déficits" en chassant notamment les niches fiscales, opération pour le moins délicate à deux ans de nouvelles échéances électorales. Économies encore pour tenter de réduire le déficit du budget de la Sécurité sociale dont l'examen suivra.
- Deux autres chantiers devront être terminés : l'un, l'interdiction du voile intégral dans les lieux publics, le sera rapidement. Cette interdiction devrait être entérinée en septembre par le Sénat, dans un climat plutôt consensuel, le gouvernement s'attendant d'ailleurs à un vote conforme avant son passage devant le Conseil constitutionnel.
Le deuxième donnera du fil à retordre aux ministres : la réforme des collectivités territoriales, en débat à l'Assemblée pour une deuxième lecture après avoir été mise en pièces par le Sénat.
"C'est l'Assemblée nationale qui aura le dernier mot", a prévenu Nicolas Sarkozy.
- Enfin, dans le domaine de la justice, le ministère doit se remettre au travail pour réformer, après la censure des Sages, la garde à vue.
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