Les beaux discours se succèdent, qui visent à faire croire que Nicolas Sarkozy et son gouvernement investissent pour l’avenir, en soutenant l’enseignement supérieur et la recherche. Ni les chercheurs, ni les enseignants, ni les étudiants ne sont dupes : la réalité n’est pas à la hauteur des enjeux.
Le projet de budget, une fois de plus, est un exercice de communication qui ne peut tromper. Les calculs sont clairs : à périmètre constant, les crédits budgétaires de l’enseignement supérieur et de la recherche ne progresseront que de 0,5% l’an prochain.
A l’analyse, les milliards annoncés au titre du grand emprunt se dégonflent vite : il s’agit pour l’essentiel d’une dotation virtuelle, jalousement conservée au Trésor, dont seuls les intérêts -quelques pourcents- sont versés aux laboratoires et aux organismes.
La dotation annuelle réelle -les sommes vraiment utilisables, chaque année, par les établissements- ne dépassent pas le milliard d’euros.
Valérie Pécresse a beau jeu de se flatter d’augmenter les moyens des universités. Elle omet de préciser qu’elle a aussi augmenté leurs charges, que leur difficile situation budgétaire leur permet mal d’assumer.
Les conséquences peuvent être graves : les IUT, par exemple, en butte à des problèmes budgétaires, menacent aujourd’hui de sortir des universités.
Rappelons que la promesse de Nicolas Sarkozy était de faire progresser chaque année le budget de 1,8 milliards d’euros : elle ne sera pas tenue, ni cette année, ni les suivantes.
La situation de la France en matière d’effort de recherche est pourtant déplorable. Alors même que nous avions l’objectif d’atteindre les 3% du PIB, notre intensité de recherche est passée depuis 2002, de 2,23% du PIB à 2,08%... et, selon l'OCDE, notre pays se situe péniblement à la 14ème place au niveau international.
C’est logique : tous les autres grands pays investissent. La crise n’y est donc pour rien. Cette dégringolade est le résultat d’un choix politique.
Le choix de bloquer les créations d’emplois scientifiques, qui sont nécessaires à la fois pour développer l’activité de recherche, améliorer l’encadrement pédagogique dans les universités, et pour relancer l’attractivité en berne des métiers de la recherche, est incohérent avec les discours sur les investissements d’avenir : investir pour l’avenir, c’est aussi recruter ceux qui sont l’avenir de la recherche, les jeunes chercheurs.
De même, la situation sociale des étudiants, qui vivent de plein fouet la crise actuelle et sont fortement touchés par la pauvreté, reste critique. La promesse d’octroyer un 10ème mois de bourse, déjà très loin des besoins réels des étudiants, a été financée au détriment d’autres dépenses de l’enseignement supérieur et de la recherche en 2010. Elle n'est d'ailleurs toujours financée entièrement en 2011 : un mauvais présage pour les étudiants.
Non seulement le budget est insuffisant, mais il est mal utilisé. Le crédit impôt recherche sous sa forme actuelle est mal ciblé, ce qui est dénoncé dans de nombreux rapports parlementaires de gauche comme de droite.
Le soutien public aux entreprises pour qu’elles fassent plus de recherche est essentiel, mais il doit être efficace. Lorsque les grandes entreprises sont les premières à profiter de la manne, et que dans le même temps, les fonds de soutien aux Jeunes Entreprises Innovantes diminuent, la gabegie financière est énorme.
La France a accumulé beaucoup de retard dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le début du mandat de Nicolas Sarkozy a vu se succéder les crises dans les universités et laboratoires ; la fin voit la situation empirer, le décrochage par rapport aux autres pays se confirmer.
Communiqué du parti socialiste
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