« Selon Alain Duhamel, notre pays serait aussi conservateur qu'effervescent. Joseph Macé-Scaron renverse la charge de la preuve. Le sérieux et l'unité syndicale montre au contraire que c'est le comportement du monarque qui est pagailleux. Nous l'avions écrit dès juillet 2007. Mais aujourd'hui c'est évident pour tout le monde.
En ces temps d’amnésie, un peu de culture politique ne peut guère faire de mal. On se souvient de la phrase prêtée à De Gaulle en mai 68 alors qu’il s’adressait à Georges Pompidou : « La réforme, oui ; le chienlit, non ». Beaucoup de contemporains de l’époque redécouvraient ainsi ce vieux mot de « chienlit », désignant une figure du Carnaval de Paris, immortalisée par Gargantua, fixée par Zola désignant l’agitation, la pagaille et le désordre.
De Gaulle ne pouvait pas savoir que le mot une fois lâché allait lui échapper. Lors des manifestations de Mai et juin 1968, on a pu ainsi observer l'utilisation du mot chienlit sur des tracts et affiches contestataires où la silhouette du général de Gaulle apparaissait et était accompagnée du slogan « La chienlit c'est lui ! » ou encore : « La chienlit c'est encore lui ! ».
Cette anecdote historique n’est pas ici déplacée puisque, hier, des manifestants distribuaient, à Paris, un tract où l’on voyait un Nicolas Sarkozy levant les bras au ciel avec le slogan « Le chienlit c’est lui ! » comme s’il s’agissait de la reproduction d’une vieille affiche sérigraphiée.
Il s’agit, là encore, d’un retour à l’envoyeur. Depuis des semaines, le pouvoir (qui ne tient pas) en place, s’efforce de nous faire croire, via ses habituelles courroies de transmission, que les syndicats sont des bouchons de liège flottant sur les flots d’une base radicale et irresponsable.
Or, même si le durcissement de la contestation n’est pas à écarter en raison de l’autisme total de l’Elysée et de Matignon, ce qui a frappé, hier, les observateurs ( tout du moins ceux qui se sont rendus dans les manifs au lieu de les commenter de leur fauteuil), c’est le caractère bon enfant des cortèges et même des mots d’ordre. Voilà, encore une fois, des semaines que l’on nous raconte que les syndicats sont divisés, au bord de l’éclatement quand les ministres et ministricules de ce gouvernement se livrent, eux, une guerre sans merci aux enjeux dérisoires dans l’espoir d’être repêchés au prochain remaniement. L’agitation, la pagaille et le désordre n’est pas à rechercher dans la rue mais dans cette cour du roi Pétaud qu’est devenue la Sarkozie.
Le front syndical fait preuve de responsabilité. Il fait aussi preuve jusqu’à présent, il faut l’écrire d’une grande sérénité parvenant ainsi à échapper aux provocations d’un exécutif au bord de la crise de nerfs. Chaque semaine qui passe est la preuve que la stratégie syndicale est la bonne. On voyait bien hier, que le pari d’ouvrir la contestation à l’ensemble des forces sociales et à toutes les générations est sur le point d’être réalisé. Il faut remonter quinze ans en arrière pour retrouver un mouvement d’une telle ampleur en France.
La partie est pourtant loin d’être gagnée puisque tout, TOUT va être fait pour pousser le mouvement syndical à la faute. La manière dont ce pouvoir va gérer ce conflit en dira long sur la manière dont il se comportera durant les prochaines élections présidentielles. A surveiller de près. »
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