Douze députés UMP, dont Pierre Méhaignerie et Etienne Pinte, ont voté mardi contre le projet de loi sur l'immigration adopté solennellement par l'Assemblée nationale tandis que neuf anciens ministres de droite ou centristes se sont prononcés soit contre, soit se sont abstenus.
Le texte a été adopté en première lecture par 294 voix contre 239. Au total, 39 députés de l'UMP et 8 du Nouveau Centre ne l'ont pas voté.
Etienne Pinte, son principal pourfendeur à droite, a réussi à faire grossir les rangs des insatisfaits à l'UMP, alors qu'ils n'étaient que trois à avoir voté contre la mesure phare, l'extension de la déchéance de nationalité.
Se sont ajoutés mardi Françoise Hostalier et l'ancienne ministre Nicole Ameline, qui avaient toutes deux dit leurs inquiétudes avant l'examen du texte, les villepinistes François Goulard, Jacques Le Guen et Jean-Pierre Grand, mais aussi Emile Blessig, Yannick Favennec, Michel Heinrich, Pierre Morange et Lionel Tardy.
Onze députés de l'UMP n'ont pas pris part au vote et 16 se sont abstenus, parmi lesquels des anciens ministres: Hervé Gaymard, Laurent Hénard, la villepiniste Marie-Anne Montchamp, ou encore Catherine Vautrin.
Le président du Modem, François Bayrou, s'est prononcé contre.
Au total, neuf anciens ministres centristes ou de droite n'ont pas approuvé le texte.
Au Nouveau Centre, 17 députés ont voté pour "sans enthousiasme", selon les mots du président du groupe, François Sauvadet. L'ancien ministre des Affaires Etrangères Hervé de Charette s'est abstenu, ainsi que le député Jean Dionis du Séjour qui est monté au créneau à plusieurs reprises pendant les débats. Seuls deux députés NC ont voté contre, Thierry Benoit et Philippe Folliot.
Réactions après l'adoption de la loi
SOS Racisme : "Des discours frontistes aux actes discriminatoires, l'Assemblée Nationale a ainsi validé la rupture du principe d'égalité de traitement entre les Français en fonction de leur origine. Plus grave encore, les mesures contenues dans le texte actent un recul sans précédent des droits les plus fondamentaux des étrangers et font du droit des étrangers un droit d'exception, dérogatoire. SOS Racisme appelle maintenant les sénateurs à faire preuve de la sagesse qui a manquée aux députés dans l'examen de ce projet contraire aux principes de l'humanisme le plus élémentaire".
Michel Destot député maire socialiste de Grenoble : "Il s'agit là d'une décision idéologique, prise en toute hâte et bien loin des réalités du terrain, conduisant à des mesures législatives aussi absurdes qu'irréalistes et inapplicables. Je fais désormais confiance à mes collègues sénateurs socialistes pour continuer l'opposition à ce texte, qui fera l'objet - s'il était définitivement adopté en l'état par le Parlement - d'une saisine du Conseil constitutionnel".
Eric Besson, ministre de l'Immigration : "Ce vote marque tout d'abord une première étape importante dans la construction d'une politique européenne de l'immigration... Ce vote marque aussi l'adhésion aux mesures de réaffirmation de l'autorité de l'Etat contenues dans le projet de loi, qu'il s'agisse de la signature d'une charte des droits et des devoirs du citoyen par les étrangers naturalisés, ou de la procédure de déchéance de nationalité pour les étrangers récemment naturalisés qui auraient porté atteinte à la vie d'une personne dépositaire de l'autorité publique, comme un policier ou un gendarme. Notre Nation n'est pas fondée sur la juxtaposition de communautés ou la coopération entre régions, mais sur le dépassement des différences d'origines, et sur l'adhésion à des valeurs communes, qui sont aujourd'hui celles de la République".
Source : afp
Commentaires