L'Elysée fait payer une partie de ses dépenses de sondages par Matignon via le Service d'information du gouvernement (SIG), selon le rapport du député PS Jean Launay sur les crédits alloués à l'Elysée en 2011, examinés lundi en commission à l'Assemblée nationale.
Un an après la vive polémique autour des sondages de l'Elysée -le PS avait réclamé une commission d'enquête avant de renoncer, la majorité UMP ayant considérablement limité son champ d'action--, le rapport note que certes "des progrès substantiels" ont été réalisés "depuis trois ans en matière de transparence" du budget de la présidence de la République.
- M. Launay estime toutefois que la "lisibilité" de son périmètre, "caractérisé par l'externalisation (prise en charge par d'autres) d'un certain nombre de ses dépenses, est insuffisante".
"Je constate la tentation d'un retour en arrière ou pire que, derrière les déclarations d'intention, les choses n'ont jamais véritablement changé", a-t-il déploré.
Il souligne, dans son rapport, que "la réalisation par Matignon de sondages pour le compte de l'Elysée (...) permet à la présidence de la République de s'affranchir d'un certain nombre de dépenses qui devraient lui incomber".
Il convient, selon M. Launay, de "mettre en parallèle la diminution des crédits consacrés" aux sondages par l'Elysée en 2010 ("844.776 euros au 31 octobre" et moins de 1,3 million d'euros au total sur 2010 contre 1,875 million en 2009, selon le ministre des Relations avec le Parlement, Henri de Raincourt) "avec l'augmentation sensible des dépenses d'études et de sondages prises en charge par Matignon à partir de 2008".
Citant un récent document de la Cour des comptes, M. Launay note que "la cellule communication du chef de l'Etat intervient dans le processus de choix" des commandes du SIG, dépendant pourtant de Matignon, et, surtout, "qu'aucune contribution financière à ces études n'est intervenue de la part de l'Elysée, contrairement à la règle posée" par Nicolas Sarkozy "concernant la transparence des dépenses de ses services".
- Jean-Pierre Brard (app. PCF) a accusé le SIG de prendre des "libertés" avec les règles de la comptabilité publique.
- Delphine Batho (PS) a dénoncé une "annexion du SIG par la présidence", jugeant "la baisse du budget sondages de l'Elysée complètement fictive" puisque celui du SIG ("4,3 millions d'euros" pour 2011) a été "multiplié par deux" depuis 2009.
Elle a interpellé M. de Raincourt sur "l'existence d'un contrat" de "120 millions attribué le 30 juin par le SIG à Aegis, dont Vincent Bolloré [proche de M. Sarkozy] est actionnaire, qui entrera en vigueur au 1er janvier 2011 pour divers conseils en communication, notamment pour la mise en oeuvre de ‘storytelling‘".
- Le ministre a expliqué que le SIG s'était "adapté" depuis 2007 au fait que M. Sarkozy était "très actif" et "donnait le plus souvent les orientations très précises de la politique gouvernementale". Les commandes d'enquêtes sont donc "le résultat d'échanges réguliers entre le SIG, Matignon et l'Elysée", a-t-il dit.
S'agissant du contrat évoqué par Mme Batho, il a répondu: "il n'y a aucun contrat nouveau de cette nature qui ait été signé le 30 juin". Il y a eu, a-t-il dit, "effectivement" un contrat de "110 millions" mais il a été "passé en 2006 sur quatre ans".
Source : afp
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