Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, a préconisé jeudi que la prévention des conflits d'intérêts en politique concerne aussi les "entourages" des hommes politiques, notamment les collaborateurs comme les membres de cabinet.
"On parle toujours des parlementaires, des politiques... Il y a une catégorie qui me paraît plus être dans une zone grise, ce sont les entourages", a expliqué M. Jouyet, auditionné à l'Assemblée nationale par le groupe de travail sur les conflits d'intérêts pouvant toucher les parlementaires.
"Là, les règles doivent être clarifiées, généralisées, renforcées", a-t-il plaidé. "Compte tenu du poids des entourages, les membres de cabinets issus de l'administration, ces règles doivent s'appliquer de manière aussi stricte que pour les responsables politiques", a-t-il dit.
- Ces propos interviennent alors que dans l'affaire du Mediator, qui traverse la gauche et la droite, le Canard Enchaîné a révélé mercredi que deux conseillers techniques de Xavier Bertrand à son arrivée au ministère de la Santé en 2005, avaient des liens avec le laboratoire Servier.
- M. Bertrand a déclaré à l'hebdomadaire qu'il "n'avait pas connaissance" des liens de ces collaborateurs avec le fabricant de médicaments. Mardi, lors des questions orales à l'Assemblée, il a jugé nécessaire d'aller "beaucoup plus loin" sur la question des conflits d'intérêt, et souhaité que les membres de cabinets fassent aussi des déclarations d'intérêt, qu'ils suivent la politique du médicament ou non.
"Les mécanismes de décision et le caractère nombreux des cabinets, à la différence des pays anglo-saxons et germaniques, peuvent conduire -et on l'a vu dans quelques cas récents- à ce qu'il y ait des débordements, sans que le ministre responsable de tout puisse connaître les agissements de tel ou tel", a poursuivi M. Jouyet, sans citer de cas précis.
"On charge parfois trop les responsables politiques et cela encourage une certain forme de populisme", a-t-il encore jugé. "Il vaut mieux organiser la transparence que d'être jeté en pâture", a-t-il encore estimé.
- Lors de cette séance de travail, le professeur de droit et de sciences politiques, Yves Mény, a jugé que cumuler la profession d'avocat avec un mandat de parlementaire paraissait être "un terrain très glissant".
- "Historiquement, la France a plutôt légitimé les conflits d'intérêts", a expliqué M. Mény, "ce qui fait que faire pénétrer la notion de conflit d'intérêts en France est très difficile". Il a milité pour la "publicité", une déclaration préalable d'intérêts et pour la mise en place d'une charte éthique.
La question des conflits d'intérêts en politique a été reposée cet été par l'affaire Woerth/Bettencourt et a rebondi à l'automne avec la publication d'un livre sur ce sujet par Martin Hirsch. Ce dernier a notamment épinglé le patron des sénateurs UMP, Gérard Longuet, et son ex-homologue à l'Assemblée, Jean-François Copé.
Source : afp
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