Le Premier Ministre a présenté hier le nouveau prêt à taux zéro, sensé doper l’accession à la propriété dans notre pays et « faire de la France un pays de propriétaires » selon la formule du candidat Sarkozy.
Pour justifier ce slogan, il a rappelé qu’en matière de taux de ménages propriétaires de leur logement, la France devait rattraper la moyenne des pays européens. Mais il n’a pas précisé que parmi les pays ayant le taux de propriétaires le plus élevé on comptait essentiellement les pays de l’ancienne Europe de l’Est ; il n’a pas cité non plus le cas de l’Espagne qui, avec 83% de propriétaires, cherche à développer de nouveau fortement son parc locatif.
Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Sans doute parce que ces exemples montreraient en partie que l’accès à la propriété ne peut être «vendue » à nos concitoyens comme une solution de sécurisation absolue.
D’une part parce que, du fait de l’allongement de la durée de remboursement des prêts, les charges pèsent de plus en plus sur les accédants à la propriété et les rendent plus vulnérables face aux aléas de leur parcours. Ces charges pèsent d’autant plus lourdement que les revenus des ménages sont modestes ou moyens. La fin du remboursement du prêt ne signifie pas l’absence de charges : de nombreuses personnes âgées rencontrent des difficultés à financer les coûts liés aux frais d’entretien de leur logement ou de leur copropriété.
D’autre part, présenter l’accession à la propriété du logement comme le meilleur moyen de sécuriser la situation des Français revient à ignorer la réalité des faits : depuis 2007, l’accroissement du taux de propriétaires à été proportionnellement plus important parmi les ménages aux revenus les plus élevés.
Quant à la jeune génération, avant tout mobile, avec des revenus limités, ce n’est pas un PTZ qui va enclencher la décision d’achat…
Au final, vouloir mettre en place un système de protection sociale reposant avant tout sur la propriété du logement serait tout à fait inéquitable et accentuerait encore le phénomène de déclassement social en y superposant la notion de déclassement résidentiel.
Il ne s’agit pas d’opposer propriétaires et locataires, ni d’indiquer quelle serait la voie unique pour se loger.
Le Parti Socialiste propose au contraire de redonner de la marge de manoeuvre aux ménages, d’accroître leurs possibilités de mobilité au sein du parc immobilier avec des passerelles sécurisées entre logement locatif HLM, locatif privé et accession à la propriété.
Il conviendra aussi de réduire les écarts de prix, devenus insensés, entre parc social et parc privé, notamment en instaurant des règles de régulation du foncier et des loyers.
Seule une politique conjuguant diversité de choix, fluidité des parcours et action forte de régulation du marché permettra de desserrer l’étau du mal logement dans notre pays.
Communiqué du parti socialiste
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