La France possèderait de grandes réserves en gaz et huile de schiste mais les projets d'exploitation suscitent la controverse en raison des méthodes de forage, qui nécessitent d'importantes quantités d'eau et de détergents. Le gouvernement a accordé l'an passé trois permis d'exploration de gaz, notamment à Total et GDF Suez, et trois autres d'huile de schiste.
Répondant aux inquiétudes écologistes sur les risques environnementaux de l'exploitation du schiste, la ministre française de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a assuré, mercredi 2 février, rester vigilante.
En ce qui concerne l'huile, les autorisations de travaux d'exploration pour évaluer le gisement ont été données. Interpellée mercredi à l'Assemblée nationale, Nathalie Kosciusko-Morizet a refusé d'imposer un moratoire sur ces travaux mais annoncé une réunion avec les industriels détenteurs des autorisations d'exploration.
"Compte tenu des techniques utilisées en Amérique du Nord qui sont très contestées, et à raison je crois, il y a lieu de redoubler de vigilance", a-t-elle dit. "Mon objectif est clair: empêcher tous travaux tant que les conditions environnementales ne seront pas clarifiées."
Mercredi matin, le collectif « Sauvons les riches », arborant chapeaux de cow-boy et casques de chantier, a symboliquement foré le trottoir parisien, rappelant que l'exploitation de ce gaz naturel n'existe qu'aux Etats-Unis et au Canada.
"Il n'est pas question d'autoriser en France une exploitation telle qu'elle est pratiquée en Amérique du Nord", a assuré la ministre de l'Ecologie.
"L'inquiétude est largement fondée sur les échos qui nous reviennent des méthodes employées sur le continent nord-américain", a-t-elle dit.
"Des dommages à l'environnement, des dommages paysagers avec la multiplication des forages, des risques pour les nappes phréatiques notamment, compte tenu des techniques utilisées qui mettent en jeu un certain nombre de produits chimiques, sont là-bas avérées."
INFORMATIONS
L'exploitation du gaz de schiste, située dans la roche à des profondeurs entre 2.000 et 4.000 mètres, permettrait à la France de produire à nouveau du gaz naturel. Le pays a importé 98% du gaz qu'il a consommé en 2009.
Pour l'extraire, il faut fracturer la roche à l'aide d'un mélange de sable, d'eau et de composants chimiques puis organiser un balai de camions pour acheminer le gaz.
Europe Ecologie-Les Verts demande l'abrogation des permis sur l'ensemble du territoire français et le Parti socialiste davantage de transparence sur les risques et l'attribution des permis.
Dans les départements concernés, un peu partout en France, des collectifs s'organisent pour empêcher une future exploitation des sols.
Le permis accordé à Total dans la Drôme couvre une zone de 4.300 km2. Selon Les Echos, elle abrite jusqu'à 2.380 milliards de mètres cube de gaz, l'équivalent de dix à 21 ans de consommation française.
Mais, si l'exploration des zones supposées riches en huiles de schiste pourrait commencer dans les semaines à venir, celle des gisements potentiels de gaz n'est pas encore prévue avec précision.
"Aujourd'hui, aucune autorisation de travaux n'est délivrée sur les permis d'exploration de gaz de schiste et nous confions (...) une mission aux conseils généraux de l'industrie et de l'environnement pour évaluer les enjeux", a dit la ministre de l'Ecologie, assurant qu'aucune autorisation ne serait donnée avant le rapport de la mission.
Avant le début de la polémique, en septembre dernier, le responsable de l'exploitation pétrolière au ministère de l'Energie, Charles Lamiraux, promettait à Libération que "plusieurs autres permis d'exploration (seraient) attribués dans les prochaines semaines".
Source : reuters/clément guillou/patrick vignal
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