30 des 40 entreprises du CAC ont publié leurs résultats. Elles affichent déjà 20 milliards d'euros de profits de plus qu'en 2009. Le point sur ce spectaculaire retour en forme.
Le cru 2010 des résultats est-il vraiment très bon ?
Excellent. Vendredi, 30 entreprises du CAC 40 avaient publié leurs résultats. Cumulés, ils atteignent déjà 66,5 milliards d'euros, soit bien plus que la totalité des quarante plus grands groupes français en 2009 (46 milliards d'euros). Pour l'instant, seules deux entreprises ont annoncé des résultats en recul : Axa et EDF. Une différence avec l'année 2009 où une majorité des entreprises affichaient des résultats en baisse. Par ailleurs, une seule entreprise a publié des pertes - Alcatel- contre six en 2009. Le champion des profits, Total, lui, a enregistré 10,3 milliards d'euros de bénéfices, en hausse de plus de 32 %, grâce surtout à l'augmentation des cours du brut.
Est-ce le signe de la reprise économique ?
Dans un sens oui. Ces bons résultats sont bien la conséquence d'une hausse du chiffre d'affaires des entreprises et non l'effet de restructurations massives. Néanmoins, pour leur grande majorité, ces résultats s'expliquent par la croissance retrouvée des marchés émergents, et non par la reprise économique européenne, ou même française. Exemple, Danone a vu ses bénéfices grimper de 37%, grâce à l'international. Et pour la première fois Sanofi-Aventis a vendu plus de médicaments sur les marchés émergents que sur ses marchés historiques. Le luxe, surtout, se pose en premier bénéficiaire de l'extraordinaire croissance des pays émergents. LVMH, qui réalise une grande part de ses ventes à l'international, a vu son bénéfice bondir de 73% en 2010, à 3,03 milliards d'euros.
"Le CAC 40 regroupe les seules entreprises françaises capables d'aller chercher la croissance là où elle est, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt" relativisait récemment Alexander Law, chef économiste de l'Institut Xerfi, auprès de l'AFP. De fait, les entreprises françaises non cotées se portent beaucoup moins bien. Les défaillances restent à un niveau élevé, et les PME françaises, peu profitables et endettées, ont toujours du mal à se financer. Une situation dans laquelle les grands groupes ont parfois une part de responsabilité. Ce jeudi, le médiateur des relations interentreprises, Jean-Claude Volot, dénonçait, dans une interview au journal les Echos, les pratiques abusives auxquelles se livrent les grosses entreprises à l'égard de leurs sous-traitants, « un système qui détruit le tissu industriel français ».
Les Bourses ont-elles bien réagi à l'annonce de ces résultats ?
Tout au long de l'année 2010, les bons résultats des grandes entreprises françaises n'ont pas vraiment trouvé d'écho auprès des investisseurs, trop absorbés par la crise des dettes publiques. Mais depuis le début 2011, "les investisseurs ont commencé à réintégrer la bonne santé des entreprises dans leurs opérations, et les cours de Bourse s'en ressentent", explique Jean-Louis Mourier. La crise au Proche Orient, et plus récemment, les révoltes en Libye pèsent aujourd'hui sur les cours. La crainte d'une hausse spectaculaire des matières premières et surtout du pétrole fait peur aux investisseurs. Il n'empêche, ces derniers sont toujours capables d'applaudir de bons résultats. Le Crédit Agricole qui a publié ce jeudi ses résultats (1,3 milliard d'euros en hausse de 12%) affichait la plus forte hausse du CAC 40 (+5,5% à la clôture) dans un marché pourtant baissier (-0,05%).
Source : l’express
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