Le prix du baril de brut grimpe, mais le risque de pénurie réelle est extrêmement faible.
La crise libyenne affole les marchés pétroliers. A Londres, le baril de Brent a frôlé les 120 dollars (87 euros) hier matin, du jamais-vu depuis août 2008. Et pour cause : difficile de savoir si les terminaux d’exportation du pays fonctionnent. L’armateur français CMA-CGM avait laissé entendre mercredi qu’ils étaient tous fermés, avant de se raviser.
Les investisseurs doivent-ils pour autant s’inquiéter outre mesure de la situation ? Pas forcément. D’abord, les opposants à Kadhafi qui contrôlent l’est du pays n’ont aucun intérêt à détruire les puits, tant c’est une manne financière. Ensuite, même si les exportations libyennes étaient touchées durablement, il n’y aurait pas de risque de pénurie de brut. Le très puissant ministre du Pétrole saoudien, Ali al-Naimi, a assuré que l’Opep ouvrirait ses vannes en cas de baisse de l’offre. Quant à l’Agence internationale de l’énergie, elle pourrait piocher dans les stocks stratégiques des pays de l’OCDE.
En attendant, l’incertitude reste à son comble quant à la direction que prendront les prix du baril. «Dans deux semaines, ils pourront être à 150 dollars comme à moins de 100. Sachant qu’il est impossible de déterminer la part de la spéculation dans cette affaire», indique Jean-Marie Chevalier. Selon lui, le marché craint surtout une «contagion démocratique», qui pourrait concerner «l’Algérie, l’Iran et pourquoi pas le Venezuela et la Bolivie».
«Ce qui ferait vraiment exploser les prix, ce serait une contagion à l’Arabie Saoudite, estime pour sa part Leo Drollas, du Centre for Global Energy Studies, à Londres. Mais je n’y crois pas trop». Le roi Abdallah a en effet annoncé mercredi 36 milliards de dollars d’aides sociales pour amadouer son peuple.
Source : Libération
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