Les conseils régionaux, qui vont renégocier leurs contrats d'objectif avec l'Etat, redoutent de voir leur contribution exploser alors que leurs marges de manœuvre financières sont minces. En Ile de France, où se forme un apprenti sur cinq, Jean-Paul Huchon pose ses conditions
Le plan de relance de l'apprentissage voulu par le chef de l'Etat inquiète plus qu'il ne rassure les régions, les premiers contributeurs à ce type de formation (1,831 milliard d'euros en 2010). « Sur le fond, on ne peut qu'être d'accord. Sauf que passer de 450.000 à 600.000 apprentis d'ici à 2015, ça ne se décrète pas », s'alarme Alain Rousset, le président de l'Association des régions de France (ARF). La crise est encore là pour beaucoup de PME et elle ne les encourage pas à recruter, estime-t-il. « L'an dernier, le nombre d'apprentis a diminué de 9.000 », rappelle un spécialiste de la formation à l'ARF. Dans ce contexte, le président de la région Aquitaine met en doute l'effet i ncitatif du système de bonus-malus prévu par le gouvernement.
Sur un air bien plus connu, ce lobby dénonce « un transfert de charges déguisé au détriment des régions ». Par quel truchement ? L'Etat, compétent dans les lycées professionnels, y ferme de nombreuses sections, dopant la demande dans les centres de formation d'apprentis et surtout les dépenses des régions qui les financent. Ce jeu de « vases communicants » est d'autant plus redouté par Alain Rousset que le plan de relance de l'apprentissage repose sur une parité égale des financements Etat-région, qualifiée de « jeu de dupes » par l'ARF.
Le remodelage annoncé de la taxe d'apprentissage doit en effet permettre à l'Etat d'injecter de 50 à 90 millions d'euros supplémentaires par an. Mais les régions estiment qu'elles auront du mal à suivre. Leurs ressources étant figées, leurs élus pensent ne plus pouvoir mettre grand-chose de plus dans les contrats d'objectifs et de moyens (COM) qui vont servir de cadre au plan de relance. Leur renégociation pour cinq ans s'annonce d'autant plus difficile que les régions n'y défendent pas les mêmes options que le gouvernement. « L'Etat met très fortement l'accent sur l'investissement et la création de nouveaux CFA. Pour nous, il faut déjà consolider l'existant », indique-t-on à l'ARF.
Expectative en Ile-de-France
En Ile-de-France, région où sont concentrés 20 % des apprentis et où, fait rare, les effectifs continuent d'augmenter, on reste nuancé. « Ma réaction à la proposition de l'Etat a été plutôt positive », mais la somme que prévoit de mettre l'Etat est « insuffisante » au regard des objectifs assignés, a indiqué hier le président de la région Ile-de-France, Jean Paul Huchon. Selon ses calculs, son COM devrait afficher de 6 à 7 millions d'euros supplémentaire de crédits d'Etat pour faire passer les effectifs d'apprentis de 94.000 à 118.000 en 2015. Une somme « ridicule par rapport aux 382 millions d'euros investis l'an passé par la région pour l'apprentissage », juge-t-il.
Reste que l'Ile-de-France a tout de même apporté l'an passé moins d'argent dans le cadre de son contrat (46 millions) que l'Etat, qui a fourni un effort exceptionnel de 53 millions d'euros. La collectivité se dit prête à investir davantage... A condition toutefois de pouvoir changer les règles du jeu. « A l'occasion de la signature, ne devrions-nous pas imposer une plus grande part pour les jeunes les moins qualifiés ? », s'interroge Jean-Paul Huchon. Il suggère également d'affecter, non plus la moitié, mais « les trois quarts » de la TA aux organismes pratiquant réellement l'apprentissage. Il propose également d'augmenter le nombre d'apprentis dans la fonction publique.
Source : Les échos
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