Le conseil municipal de Strasbourg, toutes tendances confondues, a rejoint les partisans d'une fermeture immédiate de la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus ancienne en exploitation en France, une solution encore rejetée par la majorité de la région Alsace.
"Pour l'ensemble des spécialistes, les standards de sécurité de l'époque (de sa construction, dans les années 1970) sont aujourd'hui dépassés", ont estimé les élus strasbourgeois dans une motion adoptée à l'unanimité moins une abstention lundi soir.
"La catastrophe survenue à Fukushima, centrale construite la même année que Fessenheim, nous interpelle", poursuivent-ils en demandant l'arrêt de la centrale haut-rhinoise, quels que soient les résultats des expertises actuellement en cours.
Ils préconisent "sa reconversion en site pilote de recherche-développement qui permettra de mettre en œuvre des savoir-faire et des technologies pionniers, générateurs d'emplois et nécessaires au démantèlement des centrales nucléaires en fin de vie".
La centrale EDF de Fessenheim est située à environ 80 km au sud de la capitale alsacienne, à 1,5 km de la frontière allemande et à une quarantaine de kilomètres de la Suisse.
Les élus PS et Verts, majoritaires au conseil municipal de Strasbourg, ont tous voté pour la motion, ceux de l'opposition municipale UMP les ont également suivis.
"J'ai été très agréablement surpris que cette motion soit adoptée à la quasi unanimité", s'est réjoui l'élu vert Alain Jund. "Il était normal que les socialistes nous suivent mais tous les élus UMP présents ont aussi voté pour. Certains ont d'ailleurs enrichi la motion, en demandant que la centrale ferme, quels que soient les résultats des expertises en cours", a-t-il indiqué à l'AFP.
"On a franchi un cap. C'est important, c'est la première grande collectivité alsacienne qui demande la fermeture de Fessenheim. C'est symbolique que Strasbourg, capitale européenne, initie le débat", a ajouté Alain Jund.
Les élus UMP ont cependant tenu à apporter une précision: "Dire qu'une centrale qui arrive en fin de vie doit être fermée ne signifie pas qu'il faille renoncer à l'usage de l'électricité nucléaire en France", ont-ils souligné.
En revanche, au niveau de la région Alsace, la seule dirigée par l'UMP en France métropolitaine, une motion quasi-identique demandant l'arrêt de Fessenheim avait été rejetée vendredi dernier.
"Une visite décennale a déjà eu lieu sur un réacteur de Fessenheim, et va commencer sur l'autre", avait souligné le président de région Philippe Richert (UMP), qui est également ministre chargé des collectivités territoriales.
"Nous sommes opposés à la motion demandant la fermeture de Fessenheim, nous attendons la réponse de l'Autorité de sécurité nucléaire. A l'évidence nous ne sommes pas du tout dans une situation comparable à celle de Fukushima", avait-il ajouté.
De nombreuses voix se sont élevées ces dernières semaines pour demander l'arrêt de la centrale de Fessenheim. Côté allemand la région frontalière du Bade-Wurtemberg, que les Verts viennent de conquérir, ainsi que les cantons suisses de Bâle-Ville et Bâle-Campagne, ont effectué des demandes en ce sens.
En France la région Franche-Comté a également voté une motion réclamant la fermeture de cette centrale.
"La sûreté nucléaire ne s'arrête pas à nos frontières: c'est avec toutes les collectivités alsaciennes et avec nos voisins suisses et allemands que cette question doit être traitée et débattue", ont conclu les élus de Strasbourg.
Source : Afp
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