Si la stagnation des salaires est globale, les revenus les plus élevés semblent y échapper, observe l'économiste.
Les économistes évoquent la reprise, une reprise qui ne se perçoit pourtant pas au niveau des salaires !
- La reprise, ce sont les prix qui s'envolent, principalement ceux des matières premières mais aussi ceux des loyers. En France, cette année, l'inflation va tourner autour de 3% ! Du côté des salaires, au mieux, ils pourront essayer de suivre ce niveau, mais ils ne pourront certainement pas augmenter plus.
Qui est responsable de ce blocage ? Les patrons ?
- Personne ne bloque délibérément. Il s'agit d'un ensemble de circonstances. Les salaires s'établissent selon deux critères principaux. Il y a d'abord la croissance économique qui fixe la taille du gâteau à partager mais il faut aussi considérer le taux de chômage qui détermine les rapports de force dans le bras de fer entre les entreprises et leurs salariés pour répartir les parts de ce gâteau. En France, actuellement, la croissance est faible et le chômage élevé : les deux indicateurs sont donc bien mal orientés.
La compétition internationale est de plus en forte. Elle aussi empêche les entreprises d'augmenter comme elles le veulent.
Un patron n'aurait donc aucune marge de manœuvre ?
- Je n'ai pas dis ça. Tout dépend de la taille des entreprises. Bien sûr que certaines grandes firmes du CAC40 disposent de marges certainement bien plus importantes qu'elles ne veulent bien le laisser voir.
La stagnation des salaires s'observe-elle à tous les niveaux ?
- Cette stagnation globale n'est pas une stagnation pour tout le monde. Tous les salaires ne sont pas bloqués. Les revenus les plus faibles sont les principales victimes. Les augmentations ne dépassent pas les 0,2 ou 0,3% sur un an. Les 5% des salaires les plus élevés bénéficient quant à eux d'augmentations qui peuvent aller jusqu'à 6% par an. En fait, plus un salaire est élevé, plus l'augmentation du pouvoir d'achat est élevée : cette injustice piège les classes moyennes. Les salaires augmentent peu pour les bas salaires alors qu'ils sont les plus touchés par l'envolée actuelle des prix.
Cela peut-il affecter la reprise ?
- Non, car la consommation ne baisse pas. En revanche, cette situation peut nous conduire vers de forts troubles sociaux.
Comment sortir de cette situation ?
- Il faut redonner du souffle au pouvoir d'achat. Mais il n'existe pas de recette facile et efficace immédiatement. L'Etat a déjà joué toutes ses cartes, il n'y a plus de marge de manœuvre sur les impôts. Désormais, il s'agit d'augmenter notre compétitivité. Il faut aussi agir sur le marché du travail, avec la flexisécurité à la danoise. Enfin, il faut miser sur la formation : le capital humain est essentiel.
Source : Nouvelobs
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