Le Parlement a définitivement adopté jeudi un projet de loi visant, de l'aveu même des députés de droite, à maintenir en fonction le préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, un proche du président Sarkozy.
Le texte, présenté en urgence (une seule lecture par chambre), a été adopté dans la matinée, à main levée, par les députés.
Ayant déjà été adopté dans les mêmes termes par le Sénat au début du mois, il est donc définitivement adopté.
Ce projet de loi sur "le maintien en fonction au-delà de la limite d'âge de fonctionnaires nommés dans des emplois à la décision du gouvernement" a été adopté in extremis, le préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, fêtant le 5 juin son 65e anniversaire, limite d'âge prévue pour les fonctionnaires nommés à des "emplois supérieurs".
Le texte ayant été rejeté en commission la semaine dernière, la droite n'avait voulu prendre aucun risque et était venue en force jeudi matin, le président des députés UMP Christian Jacob étant lui-même venu à la rescousse dans l'hémicycle.
Selon le secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron, la loi ne concernera directement qu'une dizaine de hauts fonctionnaires.
Très court, le texte prévoit que ces fonctionnaires (ambassadeurs, recteurs, directeurs d'administrations centrales et donc préfets) puissent, "à titre exceptionnel dans l'intérêt du service, et avec leur accord", être maintenus à leur poste "pour une durée maximale de deux ans" via une décision prise "dans les mêmes formes que leur nomination".
Marc Dolez (GDR-Parti de Gauche) a dénoncé "un texte de circonstance, ad hominem, qui accrédite l'idée que la qualité du service public ne dépend que de quelques personnes. Une nouvelle atteinte portée à notre fonction publique!".
"Y-a-t-il le feu au lac?", a ironisé le socialiste Bernard Derosier. "On nous dit qu'il faut voter avant le 5 juin: nous n'oublierons pas de souhaiter un bon anniversaire au préfet Lambert!".
Rappelant qu'en commission des membres de la majorité (Patrick Devedjian, Dominique Bussereau) et le centriste François Bayrou avaient voté contre, Bernard Derosier a dit que la gauche ne voulait pas "être complice d'un mauvais coup porté a nos institutions républicaines", ajoutant "les cimetières sont remplis de gens irremplaçables!".
Eric Raoult (UMP), élu de Seine-Saint-Denis, n'a pas tergiversé et a pris ardemment la défense du préfet Lambert: "A ceux qui parlent d'arrangement, je leur demande de moins critiquer et de regarder la réalité en face! Nous avons un grand préfet républicain!". Relevant qu'"en 10 ans, le 93 a connu 6 préfets", Eric Raoult a souligné que "le département avait besoin de continuité".
M. Lambert, nommé dans le 9-3 en avril 2010, est un proche de Nicolas Sarkozy. Alors chef du Raid, il avait arrêté Yvan Colonna en 2003. Il a également été patron des Compagnies républicaines de sécurité lors des émeutes en banlieue fin 2005.
Source : Afp
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