Les dentistes devront dévoiler le pays d'origine des couronnes et bridges, mais pas le prix d'achat. Les praticiens approuvent, pas les associations de patients.
La transparence sur l'origine et le prix des prothèses dentaires va s'améliorer, mais pas suffisamment aux yeux des associations de patients. Les députés ont voté hier après-midi en première lecture une proposition de loi comprenant notamment des mesures visant à satisfaire les médecins. L'un des articles les plus controversés va obliger les dentistes à fournir à leurs patients, dans un devis, « le ou les lieux de fabrication » des couronnes, inlays et autres bridges ainsi que leur prix de vente, séparément de toutes les prestations associées. Mais pas le prix auquel ils ont acheté l'appareillage auprès de leur prothésiste. Le patient n'aura donc toujours pas le moyen de connaître la marge réalisée par le praticien sur le produit.
L'Assemblée nationale tente ainsi de répondre aux vives polémiques sur les prothèses en provenance des pays à bas coûts, notamment la Chine, le Maghreb et Madagascar. Les produits fabriqués hors de France représentent entre 15 % et 30 % du marché, selon un rapport de la Cour des comptes. « Le prix d'une couronne céramo-métallique facturée par un laboratoire français revient entre 120 et 140 euros, contre 40 euros à l'importation. Or, ces importations ne semblent pas avoir d'effet sur l'évolution des prix, ce qui accrédite l'hypothèse de hausses de marges chez les chirurgiens-dentistes », relèvent les magistrats. Une façon pour les dentistes de compenser la faible rémunération des actes remboursés par la Sécurité sociale.
Les syndicats de dentistes sont rassurés, car ils craignaient d'être obligés d'afficher le prix d'achat de la prothèse, comme le prévoyait une version initiale du texte de loi défendue par la rapporteure UMP, Valérie Boyer. La Confédération nationale des syndicats dentaires « se réjouit que l'Assemblée nationale ait suivi ses propositions », a-t-elle réagi dans un communiqué. Les dentistes ont bénéficié du soutien du ministre de la Santé, soucieux de ne pas stigmatiser la profession. « J'assume complètement mon choix », a déclaré Xavier Bertrand dans l'hémicycle, estimant qu'une telle obligation serait injuste et devrait alors s'appliquer « à l'ensemble des professionnels de santé et même à l'ensemble des professions ».
Si elles se réjouissent de la mention obligatoire des lieux de fabrication pour assurer la traçabilité des prothèses, les associations de patients critiquent le texte actuel, favorable « au lobby des dentistes », selon Cédric Musso, de l'UFC-Que Choisir. « Tout le monde est perdant, critique-t-il. Le patient ne pourra pas faire jouer la concurrence et les dentistes pâtiront du climat de suspicion qui perdurera. »
Source : Les échos
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