Dans son rapport sur l'économie française publié hier, le FMI, souligne les progrès réalisés en matière de réduction du déficit. Mais, jugeant les prévisions de croissance trop optimistes, il doute que la France parvienne à ramener le déficit à 3 % du PIB en 2013 sans efforts supplémentaires.
Tous ses articles Des progrès sont réalisés dans l'assainissement budgétaire mais davantage d'efforts pourraient être nécessaires pour atteindre les objectifs de 2012 et 2013. » Au moment où Nicolas Sarkozy appelle les parlementaires à l'union sacrée sur les finances publiques, le Fonds monétaire international estime que, faute de mesures de redressement supplémentaires, la France ne parviendra pas à ramener son déficit public à 3 % de PIB en 2013 comme elle s'y est engagée. Il atteindrait encore 3,8 %, selon le FMI, et la dette culminerait à 88 % de PIB. Ces prévisions émises hier dans le rapport annuel du Fonds sur la France sonnent comme une mise en garde alors que le risque d'une contagion de la crise de la dette en Europe perdure. « La France ne peut pas risquer de manquer ses objectifs à moyen terme », insiste le rapport, si elle veut préserver ses faible taux d'intérêt d'emprunt liés à sa notation « AAA », un atout essentiel dans cette crise.
Point positif (il y en a beaucoup dans le rapport) : le FMI valide la stratégie menée jusqu'à présent, avec un satisfecit appuyé sur les retraites, comme l'a souligné Bercy hier. Avec une prévision de croissance de 2,1 %, il estime que la France parviendra bien à réduire son déficit à 5,7 % du PIB comme prévu cette année. La trajectoire constitue un « bon équilibre entre vitesse et faisabilité » et repose sur une stratégie équilibrée entre réduction des déficits et soutien à la croissance. Mais le FMI juge les prévisions de croissance trop optimistes pour l'avenir (il table sur 1,9 % en 2012 contre 2,25 % selon Bercy) et craint que « le déficit recule plus lentement qu'envisagé ».
L'écart est assez faible pour 2012 : le FMI anticipe un déficit de 4,8 % de PIB, au lieu de 4,6 %. Le gouvernement assure que les engagements seront tenus quoi qu'il arrive : « Des économies supplémentaires sur les niches fiscales seront réalisées, si nécessaire », a rappelé hier la ministre du Budget, Valérie Pécresse.
Le plus gros de l'effort serait pour 2013, et donc après l'élection présidentielle. Le 0,8 point de PIB d'écart entre la prévision du FMI et l'engagement de la France représente environ 16 milliards d'euros. Estimant que la France devrait s'appuyer sur des prévisions de croissance plus conservatrices afin de « renforcer sa crédibilité », le FMI lui conseille de préparer d'ores et déjà des mesures de redressement supplémentaires. Pour trouver ces 16 milliards, il suggère notamment de relever les taux réduits de TVA (Nicolas Sarkozy vient de s'engager à ne pas le faire pour la restauration), d'instaurer une taxe carbone et de supprimer des niches fiscales, mais juge que l'effort doit porter en majorité sur la réduction des dépenses publiques (collectivités locales et Sécurité sociale en tête).
Le rapport conforte le discours du PS qui appelle Nicolas Sarkozy à s'atteler davantage et sans tarder à la réduction du déficit. Il met en revanche clairement la gauche en difficulté quant à son refus de voter la « règle d'or » sur le déficit. Le FMI appuie en effet le projet gouvernemental estimant que « la règle actuellement débattue [...] aiderait à donner un signal sans équivoque de l'engagement » de la France dans la réduction du déficit.
Source : Les échos
Commentaires