A maintes reprises, Nicolas Sarkozy a joué la carte de l’aggiornamento. Avec la «Françafrique» d’abord, s’engageant à «tourner la page des complaisances et des ambiguïtés». Puis lors des révolutions arabes, prenant ses distances - après des maladresses coupables - avec une politique de soutien aveugle aux dictateurs du Maghreb et du Machrek. Mais qu’il semble difficile de rompre avec les réflexes du passé ! L’affaire dite des biens mal acquis illustre toutes les réticences, les contradictions et les hypocrisies françaises.
L’enjeu ? Faire la lumière sur les détournements colossaux de fonds publics qui ont permis - et permettent encore - à des potentats africains et arabes d’accumuler d’invraisemblables patrimoines sur notre sol. Saisi de multiples plaintes déposées par des ONG internationales, le procureur de la République a surtout brillé par ses talents d’illusionniste. Il a fallu l’autorité de la Cour de cassation pour faire reconnaître la validité des démarches des ONG et il faudra l’obstination des sociétés civiles pour qu’elles aboutissent un jour. De mauvaise grâce, le parquet a fini par ouvrir des enquêtes sur les dictateurs déchus - Ben Ali et Moubarak - mais il use de toutes les manœuvres dilatoires pour protéger les dirigeants en place. L’occasion était belle, pourtant, de renouer avec des peuples que notre diplomatie a longtemps semblé ignorer. Au moment où souffle sur le continent africain un irrépressible vent de liberté, la France n’a aucune chance de retrouver un rôle à sa mesure si elle s’obstine à couvrir les détournements les plus scandaleux.
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