L'Assemblée nationale a adopté mercredi le projet de financement de la Sécurité sociale pour 2012 quelques heures à peine après que le Sénat, en commission, en modifiait son contenu de fond en comble.
Les députés ont adopté par 288 voix contre 185 ce texte qui consacre un déficit du régime général de 13,9 milliards mais que chacun sait fondé sur une prévision de croissance dépassée : 1,75%, revue à la baisse à 1% jeudi dernier par le président Nicolas Sarkozy.
Sans surprise, l'UMP a voté pour, mais le Nouveau Centre, bien qu'appartenant à la majorité, s'est abstenu. Les partis de gauche ont voté contre un texte "insincère".
En attendant l'examen en séance par les sénateurs, qui débutera lundi, la commission des Affaires sociales du Sénat, à majorité de gauche, a jugé "indigent, irresponsable et irréaliste" le projet de budget 2012.
Les sénateurs de gauche ont rejeté la quasi-totalité des mesures concernant aussi bien les dépenses que les ressources du projet, les remplaçant par une batterie d'amendements qui dessine le programme de la gauche avec à la clef une diminution du déficit du régime général.
A l'Assemblée, la socialiste, Marisol Touraine a dénoncé un texte "insincère, injuste et incohérent".
"Insincère, parce que pendant que nous discutions, le président de la République annonçait une révision de la croissance de 1,75 à 1%", a-t-elle expliqué.
"Ce projet manque aussi de cohérences, c'est un patchwork de petits bouts de ficelles", a-t-elle encore dit, citant par exemple la taxe sur les sodas. "Il ne prend pas en charge la question de la dépendance". "Il manque aussi la réforme structurelle sans laquelle notre protection sociale ne peut survivre".
Pour le Parti de gauche et les communistes, Martine Billard a elle aussi dénoncé un budget "auquel il manque au moins 1 milliard de recettes". "Vous avez détricoté notre système de santé", a-t-elle dit, citant les franchises sur les médicaments, les déremboursements, l'absence de mesures prises contre les dépassements d'honoraires.
"Profits, chasse aux pauvres sont les seuls moteurs de votre politique qui n'a plus de santé que le nom!", a-t-elle lancé.
Jean-Luc Préel (Nouveau Centre) a expliqué ensuite pourquoi son groupe, bien qu'appartenant à la majorité, allait s'abstenir. "Nous regrettons que persiste dans ce budget un déficit non financé de 8 milliards d'euros", a-t-il dit. "Nous regrettons aussi qu'aucune mesure efficace n'ait été mise en place pour lutter contre les déserts médicaux ou les dépassements d'honoraires".
Expliquant que son groupe faisait cependant "confiance au gouvernement pour présenter un projet de loi de finances rectifivative", il a déclaré que "dans cette attente, le Nouveau Centre s'abstenait".
Philippe Vitel (UMP) a, quant à lui, salué un budget "courageux, vertueux". "Ce budget satisfait à deux exigences: l'exigence d'abord de réduire nos déficits mais aussi celle de donner les meilleurs soins possibles à nos concitoyens", a-t-il dit.
Source : Afp
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