Le débat sur l'évaluation de l'éducation nationale serait-il tronqué ? C'est en tout cas ce qu'avance le collectif Interstat, qui regroupe les syndicats de l'Insee et des services statistiques ministériels et qui accuse dans un communiqué du 2 novembre le ministère de faire de la rétention d'information. Selon le collectif, les publications de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) qui portent sur des sujets aussi variés que le nombre d'élèves par classe, leur évolution, le nombre d'enseignants, les résultats aux divers examens, “censées être annuelles ne sont pas diffusées”.
Alors même que ces travaux font l'objet d'un planning, rendu public, il ressort de l'avis d'Interstat que sur 12 “notes d'information”, seules 4 ont été publiées, d'autres l'ont été, mais tardivement, tandis qu'aucune des 13 notes d'information dites “occasionnelles” ne sont accessibles. Faut-il voir derrière cet oubli une tactique de la part du ministère de l'Éducation ? Il ne fait aucun doute, pour le collectif, que ces notes “sont retenues en attendant une éventuelle communication du ministre sur le sujet, ou au moment plus propice pour qu'elle ne génère pas de polémique dans le débat social”.
Lors de sa conférence de presse de rentrée, le 1er septembre, Luc Chatel s'est, aux dires du collectif, “enorgueilli d'améliorer les compétences des élèves malgré la hausse du nombre d'élèves et la baisse du nombre d'enseignants”. Il se serait appuyé non pas sur les travaux de la DEPP, au demeurant gardés secrets, mais sur les travaux d'une autre direction, la direction générale de l'enseignement scolaire (DGesco). Or “cette direction n'est pas un service statistique et ne bénéficie pas de l'indépendance vis-à-vis du ministère dont jouissent légalement les services statistiques ministériels”. De plus, “la réalisation et l'exploitation d'enquêtes de ce type ne fait pas partie a priori des missions de la DGesco”. “Il paraît donc hasardeux de proclamer avec autant de certitude que le ministre que le niveau des élèves s'est amélioré”, note le collectif.
En attendant une prochaine réaction du ministre, Interstat estime que tout cela démotive les statisticiens, victimes aussi de la réduction des moyens, alors même qu'ils doivent produire toujours plus d'indicateurs.
Source : Acteurs publics
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