Nicolas Sarkozy se vantait, il y a quelque temps, de la réussite de la réforme d'autonomie des universités (la loi LRU). Aujourd’hui quel est le bilan ?
Plusieurs universités (Bretagne sud, Bordeaux 3, Limoges, Nantes, Pau, Poitiers…) sont en déficit budgétaire et sont mises sous tutelle du gouvernement à la suite de deux exercices déficitaires consécutifs ce qui revient à une perte d’autonomie de ces établissements et une remise en cause de la réforme. Pour certaines d’entre elles, le déficit est structurel, dû, entre autres, au non-financement du GVT et à un transfert insuffisant de la masse salariale.
Les présidents d’universités sont inquiets quant à leur avenir. La plupart ne savent pas comment boucler leur budget 2012.
Le ton est monté sur les bans de l’Assemblée Nationale. Le député PS Alain Claeys, chargé de l'enseignement supérieur dans l'équipe de François Hollande, a interpellé le ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez.
« Monsieur le ministre, après 2008 et 2009, les comptes de résultats des universités françaises font apparaître, semble-t-il, un déficit total de 37 millions d’euros pour 2010. Demain, combien d’entre elles seront placées sous tutelle ? Quelles seront leurs variables d’ajustement : gel des postes, arrêt de certaines formations, augmentation des droits d’inscription ? »
« La Conférence des présidents d’université écrivait : En 2012, « les moyens des universités sont en stagnation, voire en diminution compte tenu des gels de crédits imposés aux établissements : ils ne couvriront ni l’inflation, ni l’augmentation de certaines charges incontournables […] ; ils ne pourront en aucun cas permettre d’accompagner la mise en place de l’arrêté Licence et de faire bénéficier chaque étudiant de premier cycle de 1 500 heures d’enseignement ».
Le déficit total en 2010 pour les 83 universités était de 37 millions d'euros. « Demain, combien d'entre elles seront placées sous tutelle ? Quelles seront les variables d'ajustement ? », a-t-il demandé. »
A ces interrogations, le Ministre Laurent Wauquiez affirmait que l’enseignement supérieur et la recherche avait reçu des moyens « supérieurs à ce que l'Etat finançait avant l'autonomie » alors que les présidents d'université, tout en défendant pour une grande part la réforme de l'autonomie, mettent en garde régulièrement contre des moyens transférés insuffisants eu égard aux nouvelles charges. Hier, le président de l'université de Nantes, Yves Lecointe, l'un des premiers à avoir alerté sur les difficultés budgétaires, a déclaré à l'AFP que « beaucoup d'universités s'inquiètent de la fabrication du budget 2012, si bien que le chiffre des universités en difficulté peut varier de 7 à 40 ou 50 ».
Ainsi le ministre de l'Enseignement supérieur s’est voulu rassurant affirmant même que ces situations s'expliquaient très souvent pour des raisons uniquement techniques et encore, pour certains budgets, « les difficultés ne sont que passagères – ce ne sont même pas des difficultés financières, juste des questions comptables. »
Cependant les chiffres sont là. Nier l’évidence ne résout pas les difficultés des universités. Ce ne sont pas la rhétorique d’un Ministre et les gesticulations gouvernementales qui vont aboutir à une solution cohérente.
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