L'Assemblée examine une proposition de loi UMP sur "les certificats d'obtention végétale" pour simplifier l'utilisation de semences de variétés protégées mais que certains syndicats professionnels contestent parce qu'elle "bafoue" selon eux des pratiques agricoles ancestrales.
Le texte du sénateur UMP Christian Demuynck a été adopté par le Sénat en première lecture le 8 juillet et transpose une convention internationale pour la protection des obtentions végétales de 1991. Si aucune modification n'est adoptée, le texte sera voté définitivement lundi soir par le Parlement.
Il conforte les spécificités du "certificat d’obtention végétale", un droit de propriété intellectuelle original créé par la France pour les semences afin d'éviter le recours aux brevets mis en place notamment aux USA pour le vivant.
Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a défendu devant les députés le certificat d'obtention végétal, sinon "le modèle du brevet prendra le pas, c'est-à-dire la captation de toutes les nouvelles variétés performantes".
Mais, le texte est contesté par des syndicats agricoles et collectifs car les agriculteurs devront désormais payer une indemnité, sous conditions, lorsqu'ils réutilisent leurs semences d'une année sur l'autre.
Plusieurs dizaines de personnes, dont des militants de la Coordination rurale, se sont rassemblées devant l'Assemblée lundi pour protester, a constaté l'AFP.
M. Le Maire a expliqué que la pratique des semences de ferme "doit être autorisée, mais elle ne peut pas être libre de droit comme elle l'est aujourd'hui". Il a évoqué actuellement une "situation de non-droit" et "une incertitude juridique". L'idée est aussi de "poursuivre le financement des efforts de recherche" et "de continuer d'améliorer les ressources génétiques", expliquent les défenseurs du texte.
Le député Jean-Pierre Brard (app. PCF) a attaqué bille en tête.
"Vous c'est pas la sélection naturelle, c'est la sélection boursière!", a-t-il lancé à l'adresse du ministre, l'accusant de faire la part belle aux grands semenciers et d'opérer "un passage en force".
Anny Poursinoff (Europe Ecologie-Les Verts) a taxé le texte de "menace contre les droits fondamentaux des agriculteurs". Pascal Brindeau (Nouveau centre) a reconnu que "des questions subsistent".
Germinal Peiro (PS) a parlé de "dîme" et exhorté le ministre à modifier le point sur les semences de ferme. 200.000 agriculteurs utilisent leurs semences, affirmé Frédérique Massat (PS).
Le collectif "Semons la biodiversité" estime que le texte "bafoue un droit ancestral des paysans". "Cette proposition de loi digne de l’ancien Régime a fait lever un vent de fronde dans les territoires ruraux. Et il risque fort d’emporter lors des législatives de 2012 bon nombre de députés qui la voteraient", poursuit ce collectif.
La Confédération paysanne juge que "le droit des paysans de ressemer et d'échanger leurs semences est le fondement de l'agriculture et de la biodiversité, il ne peut pas être remis en cause au profit d'intérêts privés".
La proposition de loi favorise aussi la conservation de variétés anciennes en constituant une collection nationale.
Source : Afp
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