Dans la partie de son dernier rapport public annuel consacrée aux suites de ses recommandations antérieures, la Cour des comptes consacre un chapitre à la prise en charge des personnes âgées dans le système de soins et constate "des progrès trop lents". Un enjeu d'autant plus important que la part des plus de 75 ans dans la population française devrait passer de 9% en 2011 à plus de 15% en 2050. La cour revient notamment sur les préconisations de son rapport sur l'application des lois de financement de la sécurité sociale pour 2003 qui formulait douze propositions "afin d'améliorer la prise en charge sanitaire des personnes âgées". Même si la cour reconnaît "des avancées significatives", le rapport de 2012 relève surtout "l'ampleur des progrès encore nécessaires pour mieux prendre en compte la spécificité d'une population présentant souvent une polypathologie complexe".
Certains des aspects abordés revêtent, de façon logique, une connotation très sanitaire. Revenant sur ses préconisations de 2003, La cour regrette ainsi le suivi épidémiologique insuffisant, qui a par ailleurs été mis en évidence lors des débats sur le projet avorté de réforme de la prise en charge de la dépendance. De même, la place de la thématique des personnes âgées dans les programmes nationaux et régionaux de santé publique demeure insuffisante. Ainsi, seuls trois des 32 plans nationaux répertoriés dans le Livre des plans de santé publique concernent directement les personnes âgées : le plan Bien vieillir (2007-2009), le plan Solidarité grand âge (2007-2012) et les plans Alzheimer successifs. Toujours sur le volet médical, la cour pointe aussi les carences dans la formation des médecins à la prise en charge des personnes âgées ou l'"action encore inaboutie" en matière de bon usage des médicaments (notamment sur leurs effets iatrogènes, qui seraient à l'origine de 20% des hospitalisations des personnes de plus de 80 ans).
Dans le même esprit, les filières de soins gériatriques - supposées répondre à la prise en charge des atteintes polypathologiques des personnes âgées - restent encore sous-dimensionnées. En témoigne notamment le problème non résolu du passage et de la prise en charge des personnes âgées par les services d'urgence des établissements de soins. La proportion des personnes de plus de 75 ans dans les passages aux urgences hospitalières représente en effet toujours 12% du flux, soit une fréquentation d'un tiers supérieure à leur part au sein de la population (9%), tandis que le taux de recours aux urgences des personnes de 80 ans et plus s'élève à 40%.
Enfin, la cour pointe la "coordination encore limitée entre les secteurs sanitaire et médicosocial". Le rapport relève en particulier qu'"aucune évolution importante n'a pu [...] être constatée à cet égard". Il est vrai que la mise en place des agences régionales de santé (ARS) - et le rapprochement qu'elle doit susciter entre le sanitaire et le médicosocial - est encore trop récente pour avoir produit les effets escomptés. La cour reconnaît cependant que la création des ARS constitue "dans son principe, un progrès majeur si celles-ci, dans une démarche globale, combinant à la fois l'approche par pathologie et l'approche populationnelle, organisent harmonieusement les complémentarités et les coordonnent activement dans un cadre territorial de proximité". Parmi les nouvelles recommandations qu'elle formule à l'issue de son analyse, la Cour des comptes préconise ainsi de "veiller à ce que la coordination exercée par les agences régionales de santé avec les conseils généraux soit réalisée pour apporter une réponse globale et adaptée aux besoins de soins du grand âge".
Source : Localtis
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