La mise en œuvre de procédures “accélérées” pour l’achat de formations par Pôle emploi s’avère inefficace sur le terrain et parfois coûteuse, estime l’inspection générale des Affaires sociales dans un rapport.
Les procédures d’achat de formations pour les chômeurs par Pôle emploi sont trop rigides pour être pleinement efficaces et les agents manquent d’un outil simple pour trouver une formation adaptée à chaque demandeur d’emploi. C’est le bilan que vient de faire l’inspection générale des Affaires sociales (Igas) dans un rapport (cliquez ici pour le consulter) portant précisément sur l’évaluation des achats de formations par Pôle emploi. Les formations, soumises aux règles de la concurrence, font l’objet de passations de marchés avec appels d’offres. Pour réduire les procédures et répondre plus rapidement aux besoins, les directions de Pôle emploi en régions achètent des formations par “paquets”.
Cette procédure était censée garantir une adéquation entre les achats et les besoins de la zone géographique concernée au moment où le besoin était avéré. En s’appuyant sur une enquête menée dans 4 régions (Bretagne, Picardie, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes), l’Igas a mis à jour toute une série de dysfonctionnements : des appels d’offres lancés alors qu’aucun besoin correspondant n’était avéré ou que l’offre de formation était inexistante dans la région, et surtout des outils encore souvent artisanaux aux mains des conseillers de Pôle emploi, ce qui constitue, selon le rapport “un frein majeur à l’accès des demandeurs d’emploi à la formation”.
Les taux de remplissage des stages ne sont que très exceptionnellement de 100 %, ce qui génère un surcoût pour Pôle emploi, car les formations sont payées à l’heure commandée et non au nombre de stagiaires présents, relève encore l’Igas. Résultat: l’économie d’échelle n’est pas au rendez-vous. En Poitou-Charentes par exemple, le coût moyen réel est de 4 500 euros par stagiaire en formation collective, contre 1 800 euros en formation individuelle. Conscient du problème, Pôle emploi a indiqué que “ce principe de paiement doit être revu dans le prochain accord-cadre fixant les règles d’achat de formations”.
Ce n’est pas le seul chantier qui attend l’agence, qui a le monopole de la prescription des formations. Car l’Igas pointe aussi la faiblesse des outils de suivi des stagiaires et des organismes de formation, outils qui nécessitent selon elle “d’être professionnalisés”. Elle suggère de définir des indicateurs de suivi (délai avant l’entrée en formation, taux de remplissage, taux de retour à l’emploi), ce que font très peu d’acteurs de la formation, à la différence de ce qui se passe dans d’autres pays. Pour gagner en productivité et alléger le travail des conseillers emploi, “la mise en place de plates-formes « formation » chargées d’assurer les fonctions de back office (inscription, rémunération, récupération des attestations, etc.) devrait être généralisée”, recommande l’Igas.
Alors que Nicolas Sarkozy qui avait oublié les chômeurs pendant 5 ans a fait de la formation des chômeurs un sujet phare de sa campagne et qu’il attend dans les jours à venir les propositions du sénateur UMP Gérard Larcher pour faire passer le nombre de chômeurs formés de 10 à 40 %. Ce rapport de l’Igas apporte une utile contribution au débat et prouve l’inefficacité de la politique du gouvernement et son échec dans le domaine.
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