Alors que la passe d'armes se poursuit entre le Sénat et le gouvernement sur l'audition des chefs du renseignement par la commission sénatoriale de contrôle de l'application des lois, la délégation parlementaire au renseignement a interrogé sous le sceau du secret défense mercredi 4 avril le directeur central du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, et Erard Corbin de Mangoux, directeur général de la sécurité extérieure (DGSE) ainsi qu'Ange Mancini, coordonnateur national au renseignement sur l'affaire Mohamed Merah.
"Aucune ombre au tableau", a déclaré à la presse Guy Tessier, le président UMP de la délégation. Un commentaire qui n'a pas du tout plu aux sénateurs socialistes membres de la délégation. "Ces déclarations n'engagent que lui", répète Jean-Pierre Sueur après s'être fendu, en compagnie de deux autres sénateurs socialistes, d'un communiqué dans lequel ils regrettent les déclarations du président de la délégation et rappellent qu'ils sont tenus au secret défense. De son côté, François Rebsamen, le chef de fil des sénateurs socialistes, a accusé Guy Tessier de "violer le secret défense".
Avant l'audition, le président UMP avait annoncé qu'il tiendrait une conférence de presse. Celle-ci a été annulée. "Tout le monde était là ou presque au début de l'audition et nous avons décidé à l'unanimité qu'il n'y aurait pas de conférence de presse au nom du secret défense", raconte Jean-Pierre Sueur.
Le secret défense était précisément l'une des raisons avancées par le gouvernement pour refuser leur audition par la commission pour le contrôle de l'application des lois du Sénat. "La sécurité de l'Etat n'autorise pas l'audition publique, par des commissions parlementaires qui n'y sont pas habilitées, des agents de nos services de renseignement. Il y a une commission spéciale, qui est composée de sénateurs et de députés qui sont tenus au secret et qui, elle, a le droit d'entendre ces chefs", avait argué François Fillon.
"Les deux personnes en question avaient accepté de répondre à notre demande", souligne Jean-Pierre Sueur, qui participe également à la commission sénatoriale, ajoutant "on va même recevoir le ministre de la Justice !". Le sénateur socialiste glisse également qu'il existe d'autres moyens dans l'arsenal du Parlement, comme la commission d'enquête parlementaire habilitée à auditionner quiconque à l'exception du Président de la République. "Ca n'a pas été mis en œuvre, ni envisagé, à ma connaissance", précise-t-il. "C'est une procédure longue, pas évidente à mettre en place" en période électorale.
Source : Le Nouvelobs
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