A la suite de son éviction, l’ex patron d’Air France doit toucher une prime, en contrepartie d'un engagement de non-concurrence pendant trois ans. Celle-ci s’élève à 1,4 million d'euros en totalité.
Le gouvernement fait pression pour pousser Pierre-Henri Gourgeon à renoncer à cette somme exorbitante.
Interrogé sur France-Inter, le Ministre a jugé que c’était indécent en période de crise.
La demande du Ministre s'explique par l’absence d’autres moyens d'action des pouvoirs publics pour revenir effectivement sur la prime de M. Gourgeon, entérinée en octobre 2011 par le conseil d'administration d'Air France-KLM et déjà versée.
Le code du commerce prévoit qu'elle soit soumise au vote d'une résolution par les actionnaires. Mais son rejet "n'entraînerait pas une obligation pour Pierre-Henri Gourgeon de rembourser cette somme", selon une source proche du dossier dont l'analyse est confirmée par le service juridique d'Air France.
Les actionnaires doivent se prononcer lors de l’assemblée générale du groupe aujourd’hui jeudi. L'Etat français détient 15,9% du capital de la compagnie aérienne. Son représentant votera "contre cette prime" ce jeudi après-midi, a répété le ministre de l'Economie, en espérant "qu'il sera suivi par les autres actionnaires". "Et la morale voudrait en effet que de lui-même", il "rembourse cela", a considéré Pierre Moscovici.
L'insistance de Bercy s'inscrit dans le contexte de la restructuration difficile d'Air France, qui pourrait se solder par plusieurs milliers de suppressions de postes, et de l'offensive du gouvernement pour limiter les rémunérations des dirigeants d'entreprises dont l'Etat est actionnaire.
L’action d’Air France a perdu 12,26% en bourse depuis le 1er janvier et plus de 70% sur un an. La compagnie, encore plus en difficulté en raison de la concurrence des compagnies low cost sur son réseau intérieur, a reconnu la semaine dernière un sureffectif qui devrait se solder par un plan de départs volontaires. Selon certains médias, 5.000 emplois pourraient être concernés, un nombre démenti par la direction.
Elle a lancé en janvier un plan d'économies de deux milliards d'euros à l'horizon 2015, qui s'est déjà traduit par le gel des salaires, des embauches et des investissements.
Même la patronne des patrons, Laurence Parisot, elle-même a jugé qu'elle n'était "pas conforme au code" éthique du Medef, au regard de la situation du groupe.
L'ex-patron d'Air France n'a pu être joint jeudi matin par l'AFP mais un de ses proches a estimé qu'il n'avait "aucun intérêt à renoncer à cette prime", en arguant qu'elle était "juridiquement inattaquable".
La compagnie continue, elle, à dire qu'elle "attend les résultats du vote pour prendre les dispositions nécessaires".
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