Barclays est impliquée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis dans une affaire de manipulation des taux interbancaires ; le Libor, l'un des taux financiers les plus importants au monde.
La banque aurait également manipulé l'Euribor, le taux interbancaire qui est le pendant du Libor pour... la zone euro !
Le Libor (London Interbank Offered Rate) est le taux interbancaire londonien qui sert de référence à des contrats financiers et de prêts portant sur plus de 350 000 milliards de dollars…
Il s'agit du taux d'intérêt auquel les banques anglaises se prêtent entre elles. Ce taux n'est pas déterminé par un régulateur national, mais fixé par une quinzaine de grandes banques, comme Barclays, Royal Bank of Scotland mais aussi des banques d'autres pays telles que Bank of America, Deutsche Bank, HSBC, BNP Paribas, Société Générale, Crédit agricole etc.
Oui, chacune transmet le taux moyen auquel elle a emprunté le matin et, vers 11h du matin heure anglaise, la British Bankers Association fixe le taux moyen, en enlevant le taux le plus élevé et le plus faible. Cela donne au marché un indicateur du taux auquel les banques empruntent.
Si le Libor est très élevé : cela signifie que les banques ne se font pas confiance. Il est un indicateur de la santé de la banque. Barclays a volontairement sous-estimé le chiffre envoyé à la British Bankers Association pour donner l'impression, au plus fort de la crise financière, qu'elle était en bonne santé financière.
Le Libor "conditionne le niveau des taux d’intérêt payés par des centaines de millions de personnes pour leur prêt immobilier, les prêts des petits commerces, les prêts étudiants, les produits d’assurance.
Compte-tenu de l'importance de la City dans la finance mondiale, le Libor est le taux interbancaire le plus important au monde.
La banque Barclays a déjà déboursé près de 300 millions de livres sterling, soit plus de 320 millions d'euros pour mettre fin aux poursuites engagées à l'encontre de la banque en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. D'après l'enquête, les traders de la banque faisaient pression sur leurs collègues qui envoyaient leur estimation du taux à l'association.
Barclays ne serait pas la seule banque impliquée. La Royal Bank of Scotland (RBS) a également sa part dans le scandale et pourrait devoir s'acquitter d'une amende de presque 190 millions d'euros pour échapper aux poursuites. Sachant que la Royal Bank of Scotland (RBS) avait été sauvé par le gouvernement pendant la crise financière, sa compromission est d’autant plus scandaleuse. D'autres banques seraient concernées par l'affaire. Des enquêtes ont été lancées dans plusieurs grandes banques mondiales. Elles détermineront si des banques françaises font parties des coupables.
“Il semblerait bien que l’affaire Barclays ne soit que la partie émergée de l’iceberg”, titrait ainsi vendredi le populaire Daily Mail britannique.
L'affaire du "Libor", déjà baptisé "LiborGate" par de nombreux médias, va avoir des conséquences partout en Europe et peut être plus encore.
Devant le scandale, le président du conseil d'administration de la Barclays, Marc Agius, a démissionné comme Bob Diamond, le directeur américain de la banque et Jerry del Missier, directeur des opérations.
Les autorités qui de coutume n’interviennent pas dans la finance se sont emparées du problème.
George Osborne, le Chancelier de l'Echiquier, a de son côté déclaré que "c'est absolument inacceptable et cela révèle un système financier qui met au-dessus de tout l'appât du gain ». Quant au Premier ministre David Cameron, il a annoncé lundi le lancement d'une commission d'enquête parlementaire, chargée de faire la lumière sur cette affaire.
Le scandale a terni l’image des banques britanniques à un point rarement atteint. Le ministre britannique des Finances, Georges Osborne, a évoqué une “affaire choquante” et le patron de l’autorité de régulation des marchés financiers, Adair Turner, a qualifié les faits de “honteux” en fin de semaine dernière. Même le patron de la Banque centrale britannique, Sir Mervyn King, a appelé, vendredi, à une réforme du système bancaire britannique à la lumière “des dérapages” qui ont eu lieu dans cette histoire.
Le député PS Henri Emmanuelli souhaiterait que le gouverneur de la Banque de France soit auditionné prochainement par la commission des Finances de l'Assemblée après le scandale sur des manipulations interbancaires de la banque britannique Barclays, a-t-il indiqué à quelques journalistes.
Dans les couloirs de l'Assemblée, le député des Landes s'est inquiété de ce scandale qui fait grand bruit au Royaume-Uni.
Henri Emmanuelli a émis le souhait que le gouverneur de la Banque de France soit auditionné "pour savoir si la France s'est tenue à l'écart de ce scandale". L'ex-directeur général de Barclays, Bob Diamond, s'est expliqué mercredi devant des parlementaires britanniques.
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