Situation financière de son ministère, recentrage de l'action du Centre national pour le développement du sport (CNDS) sur le sport pour tous, assemblée nationale du sport avec des déclinaisons régionales, simplification des procédures de subvention pour les petits clubs... Auditionnée en commission à l'Assemblée, la ministre en charge du sport a marqué son terrain - en attendant une loi-cadre de modernisation du sport.
Avec un ministère aux compétences élargies dans des proportions inédites sous la Vème République, on se doutait que Valérie Fourneyron aurait du pain sur la planche en ce début de mandature. Son audition le 17 juillet devant la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale a montré que le seul volet Sports de son ministère – qui compte également la Jeunesse, l'Education populaire et la Vie associative – suffirait à l'occuper à temps plein.
Son intervention devant ses anciens collègues a oscillé entre réquisitoire contre ses prédécesseurs et annonces de réforme en profondeur. Valérie Fourneyron a ainsi fustigé "une situation financière extrêmement délicate" ou encore "un certain nombre d'opérations engagées [qui] ne sont aujourd'hui pas couvertes". Il manque selon elle 6 millions d'euros pour financer les travaux de l'Insep (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) et des Creps (centres de ressources, d'expertise et de performance sportives), 6 à 8 millions pour financer la retraite des sportifs de haut niveau et 1,3 million pour le musée du sport (et 6 millions en 2013). Côté critiques toujours, la ministre a déploré les 115 millions d'euros de redevances déjà versés au consortium Stade de France par l'Etat et les 12 millions qui lui seront versés en 2012 alors que la concession court jusqu'en 2025. Bien entendu, la question des effectifs n'a pas été oubliée : "Les moyens humains de mon ministère ont été réduits de 70%. 1.330 postes ont été supprimés de 2009 à 2011. Une véritable saignée." Surtout, elle a pointé la "situation dégradée du CNDS [Centre national pour le développement du sport], à qui il a été demandé de financer successivement les stades de l'Euro 2016, les arénas, dans des conditions parfois étonnantes durant la période préélectorale, les conventions d'objectifs des fédérations pour le moins étonnantes, comme la Cour des comptes l'a rappelé, et les grandes manifestations".
"Nous avons besoin de réorienter un bateau qui est celui du CNDS, qui a à l'évidence complètement basculé sur les grands équipements, a absorbé en plus les grandes manifestations sportives, ce qui n'est absolument pas sa fonction, a martelé la ministre. Nous avons besoin de refaire partir la barre vers ce qui était son objectif initial, une pratique des territoires et des petits clubs." Cela, au moment où le CNDS connaît une perte de rendement du fait de la diminution des droits télé du football. Le centre, qui prévoyait fin 2011 un budget de 272 millions, aura accumulé à la fin de l'année une dette au titre des engagements hors bilan de 443 millions d'euros et son exercice devrait se solder par un déficit de plus de 30 millions d'euros alors que son fonds de roulement est quasiment nul.
Le CNDS devrait donc voir son action recentrée autour de sa mission en faveur du sport et des équipements pour tous. Le sujet devrait être abordé le 23 juillet prochain, lors d'un conseil d'administration exceptionnel.
Valérie Fourneyron a par ailleurs d'ores et déjà annoncé que le projet de loi de finances pour 2013 s'intéressera de près aux recettes affectées du CNDS et particulièrement à la taxe Buffet – qui porte sur les manifestations sportives françaises – dont l'assiette pourrait être élargie.
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