Pourquoi la plupart des commentateurs français, à l’exception du Monde, n’ont-ils retenu du remarquable discours prononcé à Alger par François Hollande que la partie la moins nouvelle ? Peut-être parce que ce texte surprenant pêche par excès d’habileté pour une presse qui ne cesse de rabâcher les mêmes ronrons sur le sujet au point de ne plus pouvoir entendre – ou comprendre – autre chose.
« Pendant cent trente-deux ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste, brutal et destructeur. Je reconnais ici les souffrances que le système colonial a infligé au peuple algérien ». Tous les médias ont cité en boucle, et souvent en titre, ces phrases évidentes et qui ne constituent pas une rupture, les prédécesseurs de François Hollande ayant déjà dit à peu près la même chose. Mais cela suffit à Libération, estimant ce voyage « décevant », pour parler de « rendez-vous manqué ». Pourquoi ? Parce que « François Hollande n’a pas présenté les excuses de la France ». Hors cette question, rien ne semble intéresser Libération dans ce discours présidentiel pourtant riche et plein de sens.
François Hollande avait habilement déminé le terrain la veille en lâchant de manière informelle qu’il ne fallait attendre de lui ni « repentance » ni « excuses ». Chacun était prévenu et c’est le thème de la « vérité » et de sa « reconnaissance » qu’il a préféré développer devant les deux assemblées algériennes réunies au Palais des nations. Mais dans un texte particulièrement astucieux, à double-emploi, dont la syntaxe soignée permettait de s’adresser en fait autant aux Français qu’aux Algériens.
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