Jérôme Cahuzac a commis une faute impardonnable. En possédant un compte secret à l’étranger, en mentant aux plus hautes autorités de l’Etat, au Parlement et aux Français. La parole publique est gravement entachée.
Il doit en répondre dorénavant devant la justice.
A la suite des révélations de Médiapart, le procureur de Paris a ouvert de lui-même une enquête préliminaire en décembre, sans que le gouvernement n’intervienne à aucun moment dans ses décisions. Quand il a décidé, sur la foi de l’enquête, qu’il y avait lieu d’ouvrir une instruction judiciaire, le président de la République et le Premier ministre en ont tiré immédiatement les conséquences en demandant au ministre de se démettre de ses fonctions.
Aucun gouvernement n’a décidé aussi rapidement en de telles circonstances. Aucun gouvernement n’a respecté avec autant de rigueur l’action de la presse et de la justice. Quoiqu’il en coûte. La presse a pu enquêter librement. La justice a pu agir en toute indépendance sans aucune intervention du gouvernement.
Contrairement à certaines pratiques antérieures, le gouvernement s’en est remis à l’action de la justice et a refusé de recourir à des enquêtes parallèles des services de renseignements de l’Etat ou d’officines extérieures.
Quand le Président et le Premier ministre ont interrogé le ministre sur les accusations qui pesaient sur lui, celui-ci a systématiquement affirmé son innocence, comme il l’a fait devant l’Assemblée nationale, et à chaque fois qu’il était interrogé par la presse. Aucun élément ne permettait de mettre en doute sa bonne foi. En outre, comme tous les ministres, Jérôme Cahuzac a signé, à son entrée au gouvernement, la charte de déontologie instituée par le Premier ministre qui impose de faire état de son patrimoine et de faire une déclaration sur d’éventuels conflits d’intérêts.
Un gouvernement repose sur la loyauté et la confiance. Jérôme Cahuzac y a manqué. C’est sa responsabilité, pas celle du Président et du gouvernement. Assumer sa responsabilité personnelle fait partie du devoir d’un responsable public.
Depuis dix mois nous les Députés de la majorité, avons respecté scrupuleusement les règles de déontologie et d’éthique : liberté de la presse, respect de la justice, sanctions dès lors qu’il y a manquement aux règles de transparence fixées par le gouvernement.
Le Président de la République et le gouvernement ont annoncé trois mesures pour assurer « l’exemplarité totale » des responsables publics :
- Le renforcement de l’indépendance de la justice avec la réforme du Conseil supérieur de la magistrature qui sera votée cet été.
- Un projet de loi qui luttera de « manière impitoyable » contre les conflits entre les intérêts publics et les intérêts privés et garantira la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et des parlementaires.
- L’inéligibilité des ministres ou des élus condamnés pénalement pour corruption ou fraude fiscale.
Jamais un gouvernement et une majorité n’ont autant fait pour restaurer l’exemplarité de la vie publique et nous continuerons.
Si le mal est fait, si cette affaire contribue à renforcer le doute qui s’est installé dans l’opinion sur l’action et la probité des responsables politiques, nous devons combattre avec la même vigueur tous ceux qui à droite, à l’extrême droite ou ailleurs veulent exploiter cette faute d’un homme pour mettre en cause notre légitimité à gouverner. La tentation populiste est aujourd’hui un danger réel.
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