La dernière culture expérimentale d'OGM en plein champ en France vient d'être arrêtée. L'Institut national de recherche agronomique (INRA) a mis fin à son essai, samedi 13 juillet, en détruisant les 1 000 peupliers génétiquement modifiés qui poussaient depuis 1995 à Saint-Cyr-en-Val, près d'Orléans (Loiret), sur un site de recherche de 1 300 mètres carrés. Monsanto lui-même va retirer toutes ses demandes d'homologation en cours pour de nouvelles cultures transgéniques dans l'Union européenne.
La décision de Monsanto concernait des demandes d'homologation pour du maïs, du soja et de la betterave à sucre. Par contre, Monsanto ne compte pas retirer sa demande de renouvellement de l'autorisation pour son maïs MON 810 résistant aux insectes – le seul OGM actuellement cultivé à des fins commerciales en Europe depuis 1998.
La raison de ces décisions est l'absence de perspectives commerciales dans un continent globalement hostile aux biotechnologies et l’absence d'autorisation du gouvernement pour la poursuite de ces travaux scientifiques.
Le groupe d'agrochimie a indiqué qu'il comptait obtenir les autorisations d'importation dans l'UE de variétés de semences OGM dont la culture est généralisée aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.
Christophe Noisette, chargé de mission à l'association Inf'OGM, explique également ces décisions par l’opposition de la population européenne, le manque d'intérêt des agriculteurs et surtout une quasi absence d'autorisations de mise en culture à des fins commerciales.
L'Union européenne délivre en effet les autorisations de mise sur le marché ou de mise en culture des organismes génétiquement modifiés après une évaluation, au cas par cas, et consulte ensuite ses Etats membres. Ces derniers comme la France peuvent également faire jouer une clause de sauvegarde pour interdire sur leur territoire l'un de ces OGM.
Actuellement trois variétés ont reçu un feu vert pour être cultivées sur le vieux continent : le MON810 – contre lequel huit pays européens ont toutefois pris des moratoires –, la pomme de terre Amflora – dont le producteur allemand BASF a arrêté le développement en janvier 2012 avant de déménager ses activités de recherche aux Etats-Unis – et le maïs T25 – tolérant à un herbicide mais qui n'a jamais été cultivé en Europe.
Au total, les cultures OGM, en baisse depuis des années, couvrent aujourd'hui 132 000 hectares en Europe, à 95 % en Espagne et au Portugal, soit moins de 1 % de l'ensemble des champs du continent. Conséquence : Monsanto réalise moins de 2 % de ses 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires européen grâce aux OGM, selon le Financial Times.
"Quant il est arrivé en Europe il y a quinze ans, Monsanto ne s'attendait pas à une telle résistance des Européens. Il pensait pouvoir se développer comme aux Etats-Unis", estime Christophe Noisette, chargé de mission pour l'association Inf'OGM. Le lobbying agressif de l'entreprise n'y aura rien changé.
Malgré l'hostilité du public, les OGM restent présents en Europe par le biais des importations. Au total, 41 OGM sont autorisés à la mise sur le marché, selon Inf'OGM : du maïs, du coton, de la betterave, de la pomme de terre et surtout du soja. L'Union européenne est ainsi l'un des grands acheteurs mondiaux de céréales génétiquement modifiées : elle importe chaque année plus de 40 millions de tonnes de soja transgénique pour alimenter son bétail, dont 4 millions de tonnes pour la France.
"Si une majorité d'Etats européens n'ont pas envie de cultiver des OGM sur leur territoire, ils ne peuvent pas s'opposer à leur importation car ils ne sont pas autonomes en protéines végétales pour nourrir le bétail, analyse Christophe Noisette.
Source : Le Monde
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