Après trois ans et demi de lutte, 1336 jours d’occupation d’usine, une bataille juridique sans merci, les ouvriers de l'usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône) d'où sortait, jusqu'en 2011, une grande partie des sachets de thé Lipton et d'infusion de la marque Eléphant ont signé lundi 26 mai un accord de fin de conflit avec Unilever.
Mobilisés en 2010, après l'annonce de la fermeture de l’usine, les ouvriers occupent leur usine à tour de rôle, afin d'empêcher les dirigeants d’emporter avec eux les outils de production.
La marque Eléphant, née en Provence il y a près de 120 ans est connue mondialement. Les salariés ont refusé de voir les dirigeants partir avec la marque, une valeur sûre en ayant détruit leur usine et leur travail.
Depuis, ils se battent contre unilever propriétaire de la marque pour redémarrer l'activité sous la forme d'une société coopérative ouvrière de production (SCOP).
Un géant de l’économie mondiale face à des ouvriers. Eh bien la justice a gagné, les fralib vont ouvrir leur scop.
La justice française avait déjà rejeté à trois reprises les plans de sauvegarde de l'emploi présentés par l'entreprise, et a enjoint à Fralib de reprendre l'intégralité de la procédure de licenciement de tous les salariés – soit 182 personnes – sous peine d'une astreinte de 3 000 euros par jour. Une épine dans le pied du géant mondial, et une rupture brutale dans la vie des anciens salariés, que la plupart considèrent paradoxalement comme un événement fondateur et salvateur.
Les employés ont obtenu une enveloppe de 19,2 millions d'euros pour leur projet de coopérative dont 7 millions pour le rachat des machines.
« C'est une victoire symbolique qui doit donner de l'espoir à tous ceux qui luttent pour la sauvegarde de leur emploi », a déclaré mardi matin Thierry Pettavino, le secrétaire fédéral de la CGT des Bouches-du-Rhône, devant l'usine de production des thés Lipton et Eléphant.
Ils ont également bataillé devant la justice pour obtenir l'annulation de trois plans de sauvegarde de l'emploi (PSE). Après une décision du tribunal de Nanterre en octobre 2013, qui obligeait le groupe à verser des astreintes journalières s'il ne proposait pas de quatrième PSE, Unilever France a renoué le dialogue avec les représentants des salariés.
La future coopérative, baptisée Scop-Ti, n'a toutefois pas pu reprendre la marque Eléphant. « On peut maintenant faire du thé pour n'importe quel industriel et fournir une partie du marché des marques distribuées, mais aussi développer une marque méridionale et s'attaquer à la vente par Internet », a indiqué Gérard Cazorla, secrétaire CGT du comité d'entreprise.
Sur les 182 salariés de l'usine, une soixantaine devrait à terme être embauchée dans le cadre de la scop. Aucune date de remise en fonction du site n'a été fixée, mais des contacts ont déjà été pris avec un groupe britannique pour de la sous-traitance.
On va bientôt pouvoir acheter une nouvelle marque de thé issu des usines de la scop.
A suivre…
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