Le plan interministériel de lutte contre le décrochage a été présenté. Meilleure prévention du décrochage scolaire, seconde chance pour ceux qui ont abandonné l’école sans diplôme ni qualification, développement des pratiques de remédiation innovantes : ce plan se donne les moyens d’agir, avec 50 M€ par an.
230 000 €, c’est le cout évalué pour la France d’un élève ayant décoché, tout au long de sa vie. Si l'objectif de diviser par 2 le décrochage est atteint en 2017, ce sera une économie supérieure à 400 M€ par an sur 40 ans. « 140 000 jeunes, chaque année depuis 10 ans, sortent du système scolaire, c’est un gâchis ». Le décrochage signifie pour un jeune « ne pas maîtriser son destin, le subir, et se retrouver au chômage », mais « aussi, pour beaucoup, basculer dans la pauvreté.
Conformément à la promesse du président de la République de diviser par 2 ce chiffre des décrocheurs, le gouvernement a décidé de mettre en place un plan interministériel annoncé aujourd’hui par le Premier ministre et Najat Vallaud-Belkacem.
Depuis 2012, le gouvernement a « agi sur le raccrochage », notamment à travers la « Garantie jeunes ». Pour aller plus loin, « il faut traiter à la fois la prévention du décrochage, le raccrochage et la remédiation », avec une stratégie associant le monde de l’éducation, parents, régions, départements, communes, entreprises et associations : Un numéro unique d'assistance et d'information (0 800 12 25 00) permettra aux jeunes en situation de décrochage ou ayant décroché, ainsi qu'à leurs parents, d'échanger avec un conseiller pour obtenir une information immédiate et fiable sur les solutions alternatives de formation et d'accompagnement qui s'offrent à eux. Les parents seront davantage associés à la vie de l'école et au parcours de leurs enfants. Des dispositifs et pratiques contribuant à impliquer les parents seront renforcés et généralisés, en particulier aux moments clés de l'orientation.
Une Semaine de la persévérance scolaire sera organisée chaque année au sein de toutes les académies afin de valoriser l'action quotidienne de tous les acteurs dans la lutte contre le décrochage scolaire. Les premiers signes de décrochage doivent être décelés le plus tôt possible par des enseignants sensibilisés, formés et outillés en conséquence. Des parcours de formation initiale et continue consacrés à la prévention du décrochage et dédiés aux enseignants seront mis en place. Le tutorat élève-adulte sera développé. « Des référents décrochage seront présents dans chaque établissement ». Les usages du numérique seront diffusés par le développement de contenus de cours vidéo en ligne (MOOCs) et d'applications pour faciliter l'accès des jeunes aux savoirs fondamentaux et faire évoluer les pratiques. Pour apporter une réponse personnalisée aux différentes difficultés rencontrées, les jeunes en situation de décrochage seront pris en charge par des alliances éducatives avec des partenaires externes (experts médico-sociaux, d’associations).
Un parcours aménagé de « stagiaire de la formation initiale » sera mis en place pour les 15-18 ans risquant de sortir sans diplôme ou sans qualification d'un établissement du second degré. Le jeune conservera le statut scolaire et bénéficiera d'un accompagnement personnalisé. Il pourra faire par exemple « un stage de découverte en entreprise, un service civique, le temps de murir un projet ». Les pratiques de remédiation innovantes seront encouragées et structurées au niveau national, avec la mise en place d'au moins une structure de raccrochage innovante dans chaque académie. Une plus grande flexibilité des formations sera expérimentée, avec une prise en compte des acquis du passé en cas de redoublement et la possibilité de valider de façon modulaire et progressive les diplômes de CAP et baccalauréat professionnel. « L’expérimentation commencera à la rentrée prochaine ». Afin de concrétiser le droit au retour en formation, un abondement des heures de formation disponibles dans leur compte personnel de formation leur sera proposé lors de leur prise en charge par un référent d'une plate-forme de suivi et d'appui aux décrocheurs (PSAD). Par ailleurs, une étude sera lancée concernant l'hypothèse d'un allongement de la scolarité obligatoire à 18 ans contre 16 actuellement, car « la réponse ne va pas de soi ».
Commentaires