"C'est une honte. Une honte que ces dix parlementaires se rendent en Crimée sans avoir le moindre rapport avec les autorités ukrainiennes. C'est une soumission et une honte pour le Parlement français", a déclaré sur France Info Bruno Le Roux, qui figure parmi 89 personnalités européennes auxquelles la Russie a décidé d'interdire l'accès à son territoire en riposte aux sanctions européennes.
Cette mesure avait entraîné l'annulation d'une visite de députés français prévue le 18 juin à Moscou par le président de l'Assemblée, Claude Bartolone.
"Je regrette que ces parlementaires financés par une association russe se soient rendus en Crimée. Je note qu'il n'y a aucun député socialiste dans cette délégation et je m'en félicite", a également déclaré Le député de Seine-Saint-Denis.
Une petite dizaine de députés, pour la plupart membres des Républicains (opposition de droite), participent à ce voyage très médiatisé en Russie. Ils se sont entretenu jeudi avec le président de la Douma (chambre basse), Sergueï Narychkine. Parmi eux, Jacques Myard, Claude Goasguen ou encore Thierry Mariani, ancien Ministre de Nicolas Sarkozy, qui a défendu jeudi l'annexion de la Crimée.
"C'est quand même une formidable opportunité pour les autorités russes de dire : Vous voyez bien que ce qui se passe là est reconnu par des parlementaires français. Et c'est vrai que quand on est parlementaire français, on porte quelque chose, on ne fait pas n'importe quoi. Au regard du droit international et des positions de notre pays, ils ont fait n'importe quoi", a insisté Bruno Le Roux.
« Ils sont très pro-russes, c’est leur droit. Mais on peut manifester son amitié avec la Russie sans se rendre sur un territoire annexé par une violation du droit international condamnée par les Nations Unies », a renchéri la présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée, Elisabeth Guigou (PS).
Le Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s'était dit "choqué" par le déplacement de parlementaires prorusses en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie, en "violation du droit international", selon des sources parlementaires.
S’exprimant devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée réunie à huis clos, Laurent Fabius a fait part de son « hostilité » à ce voyage, prévu de mercredi à samedi, selon des propos rapportés par des participants.
« Il y a un risque d’instrumentalisation de ce déplacement par les médias russes et un risque de violation du droit international : rentrer en Crimée sans l’autorisation des autorités ukrainiennes, c’est reconnaître les prétentions de Moscou », a-t-il affirmé.
Deux sénateurs devaient aussi se joindre à ce voyage, mais le président du Sénat Gérard Larcher leur a déconseillé.
Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères avait déjà dans la matinée « fortement regretté » l’initiative « personnelle » des parlementaires, estimant qu’il s’agissait d’une « violation du droit international ».
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