Déclaration de M. Bernard CAZENEUVE, Ministre de l’Intérieur Hôtel de Beauvau – 22 juin 2016
"Mesdames et messieurs,
Depuis le début des manifestations autour de la loi travail, les forces de l’ordre ont été fortement mobilisées pour assurer la sécurisation de ces rassemblements et de ces défilés. Il y a eu, depuis le début de ce mouvement, près de 2500 manifestations à travers la France et 17 rassemblements dans la capitale. Je veux rappeler aussi que ces manifestations sont intervenues dans un contexte particulier pour notre pays, celui d’un niveau de menace terroriste particulièrement élevé, qui mobilise depuis des mois les forces de sécurité intérieure et les services de renseignement pour assurer la sécurité de nos concitoyens. Ces manifestations se sont également déroulées dans le contexte de la préparation de l’Euro 2016 et du déroulement de cette compétition sportive, qui elle-même appelle à un très haut niveau de mobilisation des forces de sécurité et notamment des unités de forces mobiles.
Les manifestations antérieures, et notamment celle du 14 juin, ont donné lieu à des violences absolument inacceptables, cette manifestation a conduit à des dégradations de mobilier urbain, de bâtiments, de commerces, et 28 policiers ont été blessés. Alors même que les forces de sécurité sont réparties sur l’ensemble du territoire pour assurer l’ensemble des missions que je viens d’indiquer, la reproduction d’une manifestation de même nature n’était donc pas envisageable. C’est pourquoi, à la demande du Premier Ministre, j’ai demandé au Préfet de Police de proposer aux organisateurs un rassemblement statique qui, comme le souhaitaient le Gouvernement et le Premier Ministre, conciliait la liberté d’expression, à laquelle nous sommes attachés, que nous avons toujours défendue, et les impératifs d’ordre public, en même temps que nous devions garantir un niveau soutenable de mobilisation des forces de sécurité, dans un contexte où celles-ci sont déjà très fortement sollicitées. Les organisateurs ont refusé cette proposition qui leur était faite. C’est donc dans ce cadre que j’ai demandé personnellement au Préfet de Police d’interdire la manifestation sur l’itinéraire qu’ils avaient déclaré. Au terme de cette interdiction, et alors que notre dialogue n’avait pas abouti, les secrétaires généraux de la CGT et de Force Ouvrière ont demandé à me rencontrer. Je les ai reçus à la demande du Premier ministre et du président de la République. Je leur ai proposé de reporter la manifestation prévue demain à Paris, les conditions m’ayant conduit à interdire ce défilé étant sérieuses : mobilisation inédite des forces de l’ordre dans cette période, nécessité pour les policiers et gendarmes, rudement éprouvés par la répétition des manifestations violentes, d’assumer l’ensemble des missions opérationnelles qui leur sont assignées. Messieurs MAILLY et MARTINEZ ont fait valoir l’impossibilité dans laquelle ils se trouvaient d’empêcher, la veille, le déroulement d’une manifestation compte tenu des traditions syndicales, fortement ancrées, de la volonté de plusieurs mouvements associatifs, de se joindre au mouvement. Ils ont cependant accepté d’étudier, avec les organisations associées à leurs déclarations, la possibilité d’organiser un cortège sur un circuit extrêmement court, qui puisse être sécurisé, en tenant compte des contraintes opérationnelles qui pèsent lourdement sur les forces dans le contexte particulier que nous connaissons.
Sur la base de l’accord qu’ils viennent d’énoncer, pour un parcours Place de la Bastille -Bassin de l’Arsenal- Place de la Bastille, le travail va donc s’engager avec la Préfecture de Police. Au terme de la manifestation de demain, les discussions s’engageront, pour sécuriser les autres manifestations prévues. J’appelle, dans ce contexte, les organisateurs à la responsabilité. Aucun débordement, aucune violence, ne sera toléré. Il en va de notre capacité à faire vivre le débat démocratique dans des conditions apaisées et républicaines, dans notre pays. C’est ce à quoi le Gouvernement s’emploie depuis des mois, en liaison avec les organisations syndicales, lorsqu’il s’agit d’organiser des manifestations.
Je vous remercie."
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