Les résultats de la campagne nationale de testing, a l’initiative du gouvernement, auprès de grandes entreprises, mettent en évidence de fortes discriminations envers les candidats d'origine maghrébine chez 30 % des employeurs testés :
Entre avril et juillet, la Dares et cabinet ISM Corum ont testé, pour le ministère du Travail, 40 grandes entreprises (plus de 1 000 salariés). Pour chacune, elle a répondu à entre 30 et 40 offres d'emploi, en envoyant 2 candidatures rigoureusement équivalentes (sexe, âge, lieu de résidence, nationalité française, expérience, formation), avec pour seule différence un nom à consonance hexagonale (supposé sans ascendance migratoire) ou maghrébine. Au total, 3 000 CV ont été envoyés en réponse à 1 500 offres, pour des postes d'employés ou de managers ; Résultat : 12 des 40 entreprises se sont rendues coupables de discriminations envers les candidatures maghrébines. Dans ces entreprises, le taux de réponses positives des maghrébins a été inférieur de 15 à 35 points à celui des hexagonaux ; Toutes entreprises confondues, 47 % des candidatures hexagonales ont décroché un entretien, contre seulement 36 % des candidatures maghrébines, soit un écart moyen significatif de 11 points. Les écarts en défaveur des candidatures maghrébines s'observent pour les recrutements d'employés (12 points) comme de managers (9 points), qu'il s'agisse d'hommes (12 points) ou de femmes (10 points).
L'étude met toutefois en évidence que, dans 71% des cas, les deux candidatures ont connu le même sort : aucune réponse (33%), refus (11%) ou réponse positive (27%). Ces résultats ne peuvent toutefois pas être extrapolés à l'ensemble des grandes entreprises françaises, l'échantillon n'étant pas représentatif. Pour autant, on le voit, « l'inégalité de traitement selon l'origine supposée est une tendance de fond » (M. El Khomri, 12/12/16). « Ce testing, d'une ampleur inédite dans notre pays, montre bien que l'inégalité de traitement à l'embauche est criante ». Ces discriminations sont « une faute morale » en plus d’être « une absurdité économique » (M. El Khomri, 12/12/16). « Tout notre discours sur la promesse d'égalité républicaine est mis à mal ». Aussi à l'automne, le ministère a reçu chaque entreprise testée et demandé des plans d'actions correctifs. Ceux-ci seront examinés par un cabinet d'audit, auquel pourrait être associé le Défenseur des droits. Toutes les entreprises seront à nouveau reçues d'ici à la fin janvier. « Si ce ne sont que des mesures cosmétiques, je n'hésiterai pas à désigner publiquement » les entreprises fautives. S’agissant des poursuites en justice pour les entreprises épinglées, à ce stade, le testing repose sur « des candidatures fictives, donc nous ne pouvons pas, dans ce cadre, mettre en œuvre des mesures de justice » (M. El Khomri, 12/12/16). Ce ne sont pas de vraies personnes qui ont candidaté et qui ont été discriminées, c’est donc irrecevable sur le plan juridique. Pour rappel, un employeur coupable de discrimination risque jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 € d'amende. Le gouvernement souhaite que des campagnes de testing soit désormais menées « tous les ans » par le ministère (M. El Khomri, 12/12/16). Les entreprises qui ont eu des mauvais résultats en 2016 pourront être testées à nouveau en 2017.
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