Les "états généraux de l'alimentation" seront organisés au début du mois de juillet, a annoncé Emmanuel Macron lors d'un déplacement dans le Limousin, le 9 juin. Un plan d'investissement de 5 milliards d'euros pour moderniser les exploitations sera lancé dans la foulée. Le chef de l'Etat entend également fixer un objectif de 50% de produits bio, ou issus de circuits courts ou de l'agriculture écologique, dans la restauration collective.
"Ne cédez pas à la morosité." Devant un parterre d’élèves et professeurs du lycée agricole des Vaseix à Verneuil-sur-Vienne (Limousin), Emmanuel Macron a prononcé, le 9 juin, son premier discours sur la ruralité depuis son élection. A deux jours du premier tour des élections législatives, il a ainsi voulu rendre hommage au monde "paysan" qui traverse une crise "extrêmement difficile". Le président de la République a détaillé certaines annonces de sa campagne. Ainsi des "états généraux de l’alimentation" seront organisés par le ministre de l’Agriculture "au début du mois de juillet". Il s’agira selon lui de permettre aux agriculteurs de "vivre dignement du prix payé" et de sortir de "l’économie de la compensation". La crise agricole tient à trois explications, a-t-il développé : un "marché qui s’est totalement ouvert", des cours mondiaux volatiles et des investissements insuffisants.
Plan d'investissement de 5 milliards d'euros
Pour y remédier, Emmanuel Macron a dit vouloir "rouvrir nombre de relations commerciales, rouvrir des évidences du droit européen, rouvrir certaines dispositions législatives". "Nous allons inciter les producteurs à se regrouper pour vendre ensemble", afin que "filière par filière, on trouve l'organisation qui permette à chacun d'avoir un vrai partage de la valeur ajoutée", a-t-il développé.
Afin de garantir des prix justes aux producteurs, le président propose un "vrai contrat de filière" qui permettra de "donner de la visibilité". Il souhaite aussi rémunérer "les services environnementaux" des exploitations à hauteur de 200 millions d’euros par an. Il s’agirait notamment d’accélérer la mise en œuvre d’appels à projets autour d’actions de diversification, comme la méthanisation.
Enfin, il compte lancer un plan d’investissement d’avenir agricole doté de 5 milliards d’euros à l’issue des états généraux. L'objectif sera de "moderniser les exploitations". Les ministères de l'Environnement, de la Santé, des Affaires européennes et les collectivités locales y seront associés. Alors que l'Etat et les régions se sont déjà lancés en 2015 dans un plan de modernisation, il n'a pas spécifiquement fait allusion à ces dernières.
Restauration collective
Le chef de l’Etat propose dans le même temps d’instaurer dans la restauration collective un objectif de 50% d’approvisionnement en circuits courts, bio ou agriculture écologique. Selon lui un objectif de 50% uniquement en bio aurait été "quasi inatteignable". Il faudra "accompagner les collectivités locales ou la restauration collective quand elles s’engagent, car c’est un peu plus cher", a-t-il dit. "Il faut des mécanismes d’incitation et des mécanismes d’aide." S’agissant de la commande publique, la réforme du code des marchés au printemps 2015 a permis de sécuriser les achats locaux, a-t-il souligné.
Dénonçant la religion des prix bas, Emmanuel Macron n’en est pas moins un défenseur du Ceta (le traité de libre-échange avec le Canada). Mais une commission scientifique "indépendante" en "évaluera les conséquences en matière de santé et d’environnement". "S’il est avéré qu’il comporte des conséquence négatives par rapport à nos engagements, nous retournerons vers nos partenaires", a-t-il assuré. Si des conséquences négatives se font jour "sur telle ou telle filière, elles seront accompagnées et compensées par l’Etat".
Emmanuel Macron a également abordé la question du "désenclavement", distinguant "la mobilité physique" et "l’accessibilité numérique" (sur ce point, voir ci-dessous notre article du 12 juin 2017). Concernant les transports, un "plan quinquennal d'investissement" est prévu pour la fin de l'année. Ses priorités seront définies "région par région". Connu pour avoir libéralisé le transport par autocars, Emmanuel Macron a dit "éviter les doublons, les éléphants blancs". "Eviter les projets qu'on ne sait pas abandonner, mais qu'on pousse comme une boule parce que ça fait des décennies qu'on les pousse et donc il faut continuer à mentir aux gens."
source : localtis
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