Une quinzaine de "boutiques à l'essai" ont été créées depuis l'opération pilote qui a eu lieu en 2013 à Noyon. Le dispositif aide les créateurs à tester leurs idées de commerce pendant six mois renouvelables une fois. Pour répondre aux attentes des collectivités, qui s'intéressent de plus en plus à la formule, la fédération des boutiques à l'essai a entamé un tour de France. En sachant que d'autres variantes de commerce temporaire se déploient un peu partout à l'initiative des collectivités.
Depuis le lancement d'une opération pilote en 2013 à Noyon (Oise) et la généralisation du dispositif sur le territoire français à partir de 2014, les boutiques à l'essai ont permis l'ouverture d'une quinzaine de commerces. Ce dispositif permet à des porteurs de projets de tester pendant six mois (renouvelables une fois) leurs idées de commerce dans des locaux vacants, tout en bénéficiant d'un loyer modéré et en étant accompagnés avant et après la création du commerce. A travers un partenariat conclu en 2016 entre la Fédération des boutiques à l'essai, créée en 2014, et Initiative France, le réseau de financement et d'accompagnement des créateurs d'entreprises, les porteurs de projets bénéficient de prêts d'honneur à taux zéro (autour de 3.000 à 5.000 euros). D'autres acteurs publics - comme les chambres de commerce et d'industrie - ou privés peuvent s'ajouter localement au dispositif, apportant de nouvelles compétences pour aider les créateurs des commerces.
Quelques exemples de boutiques créées grâce au dispositif : un magasin de prêt-à-porter féminin et masculin et une maroquinerie à Noyon, une auto-école à Laon (Aisne), un magasin bio et naturopathe à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) et un magasin de prêt-à-porter enfants et de matériel à Ploërmel (Morbihan). "Il y a des magasins assez variés sur tout le territoire", détaille Maxime Bréart, coordinateur national de la fédération.
Sécuriser le propriétaire, pérenniser l'activité commerciale
Parmi les facteurs de succès du dispositif, la mise en place d'un comité de sélection, pour choisir le porteur de projet qui occupera le local vacant, est importante. "Avec ce système, nous sécurisons le propriétaire du local par rapport au choix du candidat et les propriétaires sont assez favorables à cette action", précise Maxime Bréart. Pour preuve : le plus souvent, les propriétaires maintiennent le loyer modéré au-delà du dispositif. Et les porteurs de projets ont plus de chance de rester dans les locaux et de pérenniser leur activité car ils ont été accompagnés.
La fédération se charge de développer le concept sur tout le territoire national et d'accompagner les collectivités locales dans sa mise en œuvre, avec notamment la mise en place de formations, qui permettent des échanges nombreux entre villes.
Elle s'est fixé un objectif de 100 boutiques ouvertes sur le territoire d'ici 2019. "Un objectif réaliste si on regarde l'évolution actuelle des adhésions des collectivités : de 2 à 3 chaque mois", détaille Maxime Bréart. A l'heure actuelle, une trentaine de collectivités adhèrent à la fédération, pour un prix variant entre 3.000 et 10.000 euros selon leur nombre d'habitants et leur statut (agglomération, communauté de communes…).
Pour augmenter la notoriété du dispositif, la fédération s'est lancée depuis fin mars 2017 dans un tour de France. Elle sera à Bordeaux le 18 mai, à Toulouse le 8 juin, à Lille le 14 septembre, à Marseille le 5 octobre et à Amiens le 16 novembre.
Boutiques éphémères, testeur de commerce... d'autres dispositifs à l'oeuvre
D'autres dispositifs comparables sont également en déploiement sur le territoire. A Paris, le "testeur de commerce" permet de disposer d'un local pour une courte durée pour expérimenter un produit, un concept ou une activité avant de se lancer. Située dans le dixième arrondissement, la boutique, propriété de la société d'économie mixte de la ville de Paris (Semaest), peut se louer de quinze jours à quatre mois dans le cadre d'un bail précaire. Ouvert depuis l'automne 2015, ce testeur de commerce a déjà permis à une dizaine de porteurs de projets de se confronter à des consommateurs.
Ailleurs, en région comme en banlieue parisienne, d'autres lieux de vente "à l'essai" commencent à éclore, à l'initiative des collectivités. La commune de Migennes (Yonne), par exemple, s'est lancée dans la création d'une boutique éphémère en plein cœur de ville, inaugurée en novembre 2016. Ici aussi, il s'agit de tester une idée de commerce pour un moindre coût. Dans le cas de Migennes, le contrat de location s'établit à partir d'une semaine jusqu'à un an et un accompagnement technique et financier est prévu, en plus du loyer modéré. Si l'activité commerciale fonctionne, le commerçant peut ensuite s'installer de manière pérenne dans un local commercial vacant ou rester dans la boutique mais en payant un loyer courant. Autre exemple à Alfortville (Val-de-Marne), où une "boutique éphémère" a été créée en 2016 pour valoriser l'artisanat local, le commerce équitable et de proximité et le travail des associations locales.
Ces boutiques éphémères peuvent en effet répondre à d'autres objectifs que celui du test avant ouverture permanente. Dans la logique des "pop-up store", le local commercial peut être mis à disposition pour des ventes événementielles (ventes de Noël, promotion d'une nouvelle marque, déstockage...), parfois pour une durée très courte. Point d'ambition de pérennité dans ce cas donc. Mais, là aussi, une réponse possible pour contribuer au dynamisme commercial d'une ville. En sachant qu'un même lieu peut successivement servir ces deux formes de commerce temporaire.
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