Désignés jeudi 1er juin au soir par Matignon, Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne proche de Nicolas Hulot, Michel Badré, ancien président de la formation d’Autorité environnementale du Conseil général de l’environnement et du développement durable, membre du Conseil économique, social et environnemental, et Anne Boquet, préfète, auront la difficile mission de trouver une solution au dossier polémique du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) qui a empoisonné le quinquennat du président François Hollande et divisé le gouvernement de Manuel Valls.
"Nous allons remettre les choses à plat", avait assuré il y a quelques jours Nicolas Hulot. Le ministre de la Transition écologique et solidaire, qui a aussi la main sur les transports, s'est dit "intimement convaincu qu'il y a de possibles alternatives à Notre-Dame-des-Landes qui peuvent nous permettre, à tous, de sortir par le haut".
Rapport attendu le 1er décembre au plus tard
Les médiateurs qui ont été reçus jeudi en fin d'après-midi par le Premier ministre Edouard Philippe, Nicolas Hulot et la ministre des Transports Elisabeth Borne, devront remettre leur rapport au gouvernement le 1er décembre 2017 au plus tard. Ils seront chargés d'envisager "toutes les solutions allant dans le sens de l'intérêt général, dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de l'ordre public", a indiqué Matignon dans un communiqué. La mission de médiation "auditionnera l'ensemble des parties prenantes sur un pied d'égalité et fera un bilan de leurs points de vue respectifs et des réponses qui peuvent (...) leur être raisonnablement apportées", ajoute le communiqué. Elle "tiendra notamment compte de la consultation locale réalisée en juin 2016", qui avait recueilli une majorité favorable au projet.
Le rapport des médiateurs doit permettre au gouvernement de prendre une décision "claire" et "assumée", selon les termes d'Edouard Philippe, qui juge "urgent de faire baisser la tension" sur ce projet lancé au début des années 70 qui prévoit le transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique, au sud de l'agglomération, vers Notre-Dame-des-Landes, à 20 km au nord de la ville. Les partisans du nouvel aéroport l'estiment nécessaire au développement économique de la région. Pour ses opposants, dont une partie sont installés sur place, une modernisation de l'aéroport actuel suffirait pour absorber l'augmentation du trafic, dont l'ampleur fait débat. Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait souhaité "une dernière fois, regarder les choses" en termes "économiques, environnementaux, d'empreinte carbone, de capacité à développer". Il avait dit vouloir nommer un médiateur et se donner six mois avant de décider.
Les pro-aéroport mécontents
L'ONG France Nature Environnement (FNE) s'est félicitée de la désignation de la mission de médiation et de "la complémentarité des profils des trois personnes désignées", en demandant à "être reçue rapidement" par les médiateurs. La principale association pro-aéroport, Des ailes pour l'Ouest, a en revanche annoncé qu'elle ne participerait pas à la médiation, la qualifiant de "mascarade". Elle a dénoncé la nomination de "deux opposants notoires comme médiateurs", en référence à Gérard Feldzer et Michel Badré, et renouvelé "sa demande d'entretien de toute urgence avec le Premier ministre".
Le président (LR) de la région Pays de la Loire Bruno Retailleau, président du Syndicat mixte aéroportuaire (SMA) du Grand Ouest, qui regroupe les collectivités soutenant le projet de nouvel aéroport, a également qualifié la médiation de "mascarade", se disant stupéfait par le choix de Gérard Feldzer, un "militant", "opposant notoire à Notre-Dame-des-Landes". Il a déclaré à l'AFP le 2 juin qu'il avait demandé à celui-ci de "se retirer". "Les conditions (du succès de la médiation), c'est la neutralité, c'est l'indépendance. Sur ce plan-là aujourd'hui (...) nous n'avons aucune garantie", a-t-il dit.
"J'ai accepté le principe de cette médiation, y compris la proposition du Premier ministre de nous réunir à 17H30 à Matignon mardi" prochain, mais avec la nomination de Gérard Feldzer, "le gouvernement rajoute de l'huile sur le feu", a affirmé Bruno Retailleau. Gérard Feldzer "entache la mission de médiation (...), j'en tirerai les conséquences, et pas seulement moi", a-t-il averti sans autre précision. La "mise en retrait" de Gérard Feldzer "est un préalable avant la prochaine étape", une "réunion de travail" qui "était prévue mardi prochain (6 juin) à Matignon avec les collectivités et le Premier Ministre, Edouard Philippe", écrit de son côté le SMA dans un communiqué.
source : localtis
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