Selon le recensement effectué par Acteurs publics, 118 collaborateurs de cabinets ministériels ou de l’Élysée se sont “recasés” depuis le début de l’année, avec une forte accélération en avril. Neuf sur dix étaient issus du secteur public et y sont retournés, souvent à de meilleurs postes.
À l’approche de l’élection présidentielle, les “recasages” de collaborateurs de cabinets ministériels et de l’Élysée se sont accélérés. Afin d’apprécier le phénomène, Acteurs publics a recensé les départs de ces cadres très politiques du secteur public depuis le début de l’année 2012. On considère qu’au 1er janvier, les cabinets ministériels du gouvernement Fillon et de l’Élysée – à l’exclusion de l’état-major particulier du Président et du Conseil national du renseignement – comptaient 550 collaborateurs officiels. Premier constat : en quatre mois, 118 conseillers sont officiellement déjà partis. À mesure que le terme du bail du gouvernement approchait, le rythme des départs s’est accéléré : 15 en janvier, 32 en février, 29 en mars et 42 en avril – 4 autres départs ont eu lieu ce dernier mois mais n’ont pas été comptabilisés faute d’information sur leur situation.
Sur ces 118 conseillers, 10 sont partis dans le privé (8,5 % des cas), 6 d’entre eux étaient issus de la fonction publique. L’immense majorité de ces sorties de cabinet s’est donc faite dans le secteur public. Un chiffre peu surprenant dans la mesure où 89 % des 118 conseillers étaient issus du public avant d’entrer en cabinet – sans qu’ils aient pour autant tous le statut de fonctionnaires. Environ 430 collaborateurs devront donc chercher un nouvel emploi, pour ceux qui ne l’ont pas anticipé. Parmi les plus “belles” sorties de cabinet, on peut citer celle de Thomas Fatome, conseiller de Nicolas Sarkozy, nommé directeur de la Sécurité sociale, ou celle de Christine Gavini-Chevet, conseillère d’Alain Juppé, nommée directrice des relations européennes et internationales et de la coopération au secrétariat général des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Deux magistrats collaborateurs du garde des Sceaux Michel Mercier, Amélie Duranton et Nicolas Guillou, ont obtenu le poste envié de magistrat de liaison, respectivement à Rome et à Washington.
On peut enfin noter que l’effervescence se concentre surtout dans les cabinets des ministres les plus importants. Les collaborateurs des 8 secrétaires d’État n’ont que très peu participé à ce “mercato” printanier. Ces conseillers représentent presque 10 % des effectifs globaux des cabinets, mais à peine 4 % des départs.
Les chiffres qu’Acteurs publics publie ne prennent pas en compte les conseillers officieux, c’est-à-dire ceux dont la nomination n’est pas passée au Journal officiel et dont les cabinets ministériels ne reconnaissent pas la présence. Moins nombreux que par le passé, ces conseillers ont d’ailleurs été en partie régularisés durant les derniers mois, à mesure que les conseillers officiels trouvaient une nouvelle affectation.
Source : Acteurs publics