Le président de la République vient de présenter les contours de sa réforme hospitalière. Sans surprise, il reprend les grandes lignes du rapport Larcher sans pour autant lever ses ambiguïtés.
L’approche par territoire des communautés hospitalières peut-être constructive à condition de respecter l’identité et la complémentarité des établissements hospitaliers. Elle peut être délétère si elle se réduit à une restructuration purement économique, ne respectant pas le service public de proximité. Le Parti socialiste craint que cette hypothèse soit retenue : le discours du président de la République sur la recomposition hospitalière avait le goût et la saveur d’une annonce de carte hospitalière qui ne dit pas son nom.
La promotion du directeur comme véritable patron des hôpitaux et les statuts « plus souples » des praticiens – les explications présidentielles à ce propos sont incompréhensibles – risquent de transformer le service public hospitalier en une entreprise de santé dont les objectifs seraient purement financiers.
Le discours de Nicolas Sarkozy vaut par ses silences assourdissants :
- Toute réforme ambitieuse demande des moyens. Où le Président va t-il les trouver, en particulier pour équilibrer les comptes en 2012, alors que les hôpitaux débutent l’année 2008 avec un déficit de 800 millions d’euros et que le ministre du budget exige 5 milliards d’euros d’économies à la sécurité sociale ? Nicolas Sarkozy ne parle que de redéploiement des aides à la contractualisation pour les communautés hospitalières de territoire, en leur attribuant l’ensemble les dix milliards du plan hôpital 2007. Comprenne qui pourra !
- Aucun mot concernant la démocratie sanitaire. Une réforme hospitalière n’associant pas ses personnels, les élus et les usagers est vouée à l’échec.
- Le discours apaisant sur l’élargissement des activités des cliniques privées aux missions de service public cache une réalité que le président s’est bien gardé d’aborder : l’arrivée massive des fonds spéculatifs dans ce secteur va modifier la donne en terme économique et d’équilibre sanitaire.
Après les forfaits, les franchises médicales, le ballon d’essai du gouvernement sur les déremboursements des soins optiques et dentaires, les décisions de Nicolas Sarkozy à Neufchâteau, sans aucune annonce budgétaire pour l’hôpital public, sont un jalon de plus dans l’entreprise de démolition de la sécurité sociale et de la santé pour tous.
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