Le revenu agricole va baisser de 8 % à 15 % cette année, prévoit le ministère de l'Agriculture. La flambée des charges se conjugue avec un retournement à la baisse des marchés. Michel Barnier a présenté hier, mardi, un plan d'urgence de 250 millions.
Changement radical de décor pour les agriculteurs en 2008. Leur revenu par actif devrait chuter de 8 % à 15 % cette année, selon les prévisions du ministère de l'Agriculture, après deux augmentations consécutives de 17,5 % en 2006 et 2007, soit un bond de 38 % en cumul. Les marchés se sont brusquement retournés à la baisse, et toutes les charges flambent en même temps. Sur l'ensemble de l'année, le ministère estime que les produits pétroliers auront augmenté de 30 %, les engrais de 25 % et les aliments composés de 15 %, alors que les cours des céréales, sont, eux, nettement retombés.
Tous les agriculteurs ne sont pas logés à la même enseigne. La plupart des productions seront affectées par la chute du revenu, sauf... le lait. Ses producteurs devraient afficher, eux, un revenu accru d'environ 10 %. Les éleveurs de porcs et de volaille devraient maintenir le leur au niveau de 2007. Quant aux viticulteurs, dont le revenu s'était amélioré de 20 % en 2007, ils ne bénéficieront que d'une « faible » augmentation en 2008, largement due à l'effet locomoteur des grands crus.
A l'inverse, le revenu des céréaliers devrait reculer de 15 % à 35 % en 2008 - mais ils sortent d'une période historiquement lucrative, avec un revenu multiplié par 2 en 2007. Les horticulteurs et les producteurs de légumes devraient subir un recul de leur revenu de plus de 20 % en 2008, après une baisse de près de 50 % en 2007. La situation n'est pas plus brillante pour les éleveurs de bovins et d'ovins. Le revenu des premiers devrait baisser de 20 % à 30 % en 2008, après une première année noire en 2007. Celui des éleveurs ovins devrait chuter de plus de 15 % en 2008.
- Pour aider les agriculteurs à traverser cette passe difficile, Michel Barnier leur a proposé hier un plan d'urgence d'un coût total de 250 millions d'euros. La priorité a été accordée aux éleveurs d'ovins, pour beaucoup « menacés de disparition ». Le ministre s'est engagé à leur verser 50 millions d'euros en 2009, en actionnant des aides européennes (droit à prime unique) non utilisées et des aides sanitaires pour lutter contre la fièvre catarrhale. Le gouvernement allégera en outre les charges financières et sociales des exploitations en grande difficulté, soit un effort budgétaire de 60 millions d'euros. Les jeunes agriculteurs seront exonérés de leurs cotisations sociales, pour un coût de 4 millions d'euros.
- Afin de réduire la facture énergétique des exploitations, le gouvernement débloque 75 millions d'euros. Cette somme permet de reconduire l'exonération de TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) au deuxième semestre de 2008.
Elle permet aussi de financer le diagnostic énergétique de 100.000 exploitations, première étape vers une moindre dépendance de la facture pétrolière, d'ici à 2013, et d'aider les agriculteurs à adopter des équipements moins énergétivores.
- Le ministre de l'Agriculture et de la Pêche a en outre annoncé la création d'un observatoire des prix et des marges, de la ferme au magasin, pour voir à qui profitent les hausses de prix.
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